Les banques chinoises font leur révolution culturelle

Le secteur bancaire chinois est en pleine ébullition. La quatrième banque du pays, la China Construction Bank (CCB), vient de s'introduire en Bourse à Hong-Kong. Déjà, au mois de juin, sa consoeur la Bank of Communications avait ouvert la voie. Cette opération boursière est l'une des plus importantes de ces dernières années. La China Construction Bank espère ainsi lever 8 milliards de dollars (6,66 milliards d'euros) de fonds pour seulement 12% de son capital vendu sur les marchés financiers.Cette arrivée sur les marchés financiers est synonyme de victoire pour la CCB. Après plusieurs années d'assainissement de ses comptes et d'épuration des créances, l'Etat chinois a mis la main à la poche pour recapitaliser la banque à hauteur de 22,5 milliards de dollars. Et toutes les grandes banques chinoises ont connu le même type de restructuration depuis sept ans. Depuis 1998, le gouvernement chinois a entrepris un véritable décrassage financier de ses grandes banques, alors toutes publiques. Jusque là noyées sous les créances douteuses, les banques chinoises s'en sont massivement délestées. En sept ans, elles ont cédé 140 milliards d'euros de créances douteuses à des organismes d'Etat spécialisés. L'Etat, accompagné par la Banque centrale chinoise, a dépensé 430 milliards de dollars sur cette même période pour recapitaliser les banques et racheter ces mauvaise créances.Après ces longues années de purge, l'introduction en Bourse de la CCB, comme celle de la Bank of Communications il y a quelques mois, est symbolique d'un changement d'ère pour le secteur bancaire chinois. En quelques années, celui-ci a ouvert le capital de ses banques publiques aux étrangers qui espèrent bien profiter de l'ouverture du marché à la concurrence fin 2006. Pour le moment, les banques étrangères peuvent prendre jusqu'à 20% du capital d'un établissement chinois, en attendant peut-être mieux un jour. Les banques étrangères investissent massivementEt nombreux sont les investisseurs étrangers qui sont prêts à relever le pari de l'ouverture du colossal marché bancaire chinois en prenant des participations dans les établissements du pays, et cela quelles que soient les incertitudes sur les évolutions à venir. Toutes les grandes banques américaines et européennes se sont lancées à l'assaut. En l'espace de deux mois, plus de 6 milliards de dollars ont été investis dans trois banques chinoises. Royal Bank of Scotland a investi au mois d'août dernier 1,6 milliard de dollars (1,33 milliard d'euros) pour prendre 5% du capital de Bank of China. La banque suisse UBS a également pris une petite participation de 1,6% dans le capital de cette dernière.Et la liste ne s'arrête pas là. Deux mois plus tôt, en juin, Bank of America avait déboursé 3 milliards de dollars pour acheter 9% du capital de CCB. Goldman Sachs et Allianz ont investi 3 milliards de dollars pour prendre 10% du capital de la première banque du pays, l'Industrial and Commercial Bank of China (ICBC). Parallèlement, le Britannique HSBC a pris une participation de 19,9% (juste en dessous du seuil autorisé de 20%) de la Bank of Communications. La première banque américaine Citigroup l'a d'ailleurs imité. D'autres banques, comme Deutsche Bank ou encore BNP Paribas, ont également investi dans des établissements de moindre taille. L'arrivée de ces investisseurs va permettre aux banques chinoises de muer totalement sur le modèle capitaliste. L'idée du gouvernement chinois est la même pour tous les secteurs de l'économie: laisser les investisseurs étrangers pénétrer le marché en échange de quoi les groupes chinois récupèrent la technologie et le savoir-faire des groupes occidentaux. L'intérêt des banques chinoises est de s'accaparer les modèles de gestion de crédit, de marketing et de scoring des banques étrangères. Elles veulent également acquérir les modèles et les techniques de marchés, de financement et d'investissement, très profitables pour les banques occidentales.A terme, dans quelques années, les banques chinoises auront mué vers le modèle des grandes banques mondiales. L'objectif est qu'elles deviennent compétitives pour rivaliser avec leurs pairs européens et américains.
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