Rarement conflit au sein d'une banque d'affaires n'aura fait couler autant d'encre. Choisi par Michel David-Weill pour redresser la vénérable maison, le banquier américain Bruce Wasserstein y a d'abord mis le feu avant de lancer l'abordage.L'introduction en Bourse de Lazard, attendue demain si tout se passe bien, consacre en effet la prise de pouvoir par cette figure iconoclaste de Wall Street. "Deal maker" des années 80, banquier d'affaires sans états d'âme (il a vendu sa boutique à la Dresdner bank avant de déserter rapidement), Bruce Wasserstein est parvenu à ses fins : mettre la main sur Lazard en évinçant les familles historiques et les associés capitalistes, c'est à dire ceux qui touchaient des dividendes sans pour autant travailler. Tout cela a un prix. Les actionnaires vont percevoir plusieurs centaines de millions de dollars levés sur les marchés financiers et en partie apportés par les Caisses d'épargne française. Bruce Wasserstein lui-même doit s'engager financièrement plus avant dans Lazard. Jusqu'à présent il avait beaucoup dépensé, désormais il lui faudra aussi compter. D'ailleurs une de ses premières tâches consistera à réduire les frais très élevés de la banque d'affaires, notamment en raison de rémunération particulièrement généreuses ces dernières années. Pour Lazard, la Bourse sera aussi synonyme de rigueur budgétaire, histoire de ne pas faire fuir les investisseurs. Enfin, le prix payé pour ce changement d'époque se mesure aussi en termes d'images. La bataille entre Michel David-Weill et Bruce Wasserstein n'est pas passée inaperçue et a quelques peu écorné l'image de sérénité qui doit caractériser une banque d'affaires. Dans le monde feutré de la haute finance, ces soubresauts font tout de même un peu mauvais genre. Cotée, Lazard devra donc se construire une nouvelle image : celle d'une banque moderne, bien gérée et plus transparente. La Bourse, c'est toujours le début d'une nouvelle aventure !

latribune.fr

19 Oct 2008, 20:04

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