Les offensives étrangères sur les banques italiennes au bord de l'échec

Nouveau rebondissement dans la saga des OPA qui secouent le monde de la finance italienne. Alors que la banque espagnole BBVA tente de prendre le contrôle de sa consoeur italienne Banca Nazionale del Lavoro (BNL), l'assureur Unipol vient de proposer aux actionnaires italiens de BNL de racheter leurs titres.BBVA, qui contrôle avec son allié l'homme d'affaires italien Diego della Valle (chaussures Tod's), près de 20% du capital de BNL, a lancé une OPA de 6,5 milliards d'euros sur la banque. En face, un contre-pacte composé d'entrepreneurs immobiliers italiens contrôle 28% de BNL. Mais depuis quelques semaines, l'assureur italien Unipol a progressivement augmenté sa participation dans le capital de la banque italienne et tente de jouer les trouble-fêtes. Aujourd'hui, Unipol détient 10% de BNL et a assuré jusqu'ici ne pas vouloir lancer de contre offre.Pourtant, en proposant de racheter les titres du contre-pacte italien, Unipol affiche son désir de monter dans le capital de BNL. Et si l'assureur dépasse les 30% de BNL, il sera alors bien obligé de lancer une OPA. Même si, a priori, Unipol, valorisé à 2,6 milliards d'euros seulement, ne semble pas assez riche pour contrer l'offre de BBVA."La position d'Unipol est un peu floue", souligne Christophe Ricetti, analyste chez Ixis Securities. "Sa position dans le capital de BNL (10%) est largement suffisante pour défendre ses intérêts dans BNL Vita", leur filiale commune d'assurance-vie, ajoute-t-il. De fait, quand Unipol a fait son entrée dans le capital de BNL il y a un mois et demi, le marché analysait cet investissement comme une position défensive pour protéger sa filiale BNL Vita.La proposition d'Unipol de racheter les parts du contre-pacte italien rend encore plus incertaine l'issue de l'OPA de BBVA qui sera close le 26 juillet prochain. Son initiative sème en tout cas le doute. "A-t-on à faire à un nouveau Bipielle?", s'interroge Christophe Ricetti.L'analyste fait référence à la Banca Popolare Italiana (BPI, ex-Bipielle) qui tente depuis plusieurs mois de faire échouer par tous les moyens l'autre OPA, lancée par la banque néerlandaise ABN Amro sur Banca Antonveneta. La BPI a lancé deux offres (une en titres, une mixte) sur Antonveneta pour contrer l'OPA d'ABN Amro. Bénéficiant de la bienveillance active de la Banque d'Italie, elle a reçu toutes les autorisations qui lui ont permis de monter au capital d'Antonveneta.Dans ces conditions, la banque batave semble aujourd'hui n'avoir que bien peu de chances de réussir son OPA. Au point que ABN Amro n'est peut-être plus prête à se battre. Même si la banque a prolongé son offre jusqu'au 22 juillet, son président Rijkman Groenink a assuré qu'il ne relèverait pas son offre. "Nous ne voulons pas d'un succès à tout prix", a-t-il déclaré avant d'ajouter que l'acquisition d'Antonveneta est "importante mais pas cruciale". ABN Amro semble donc se préparer à voir son offre échouer.BBVA et ABN Amro éprouvent donc toutes les difficultés du monde à s'emparer de ces deux petites banques italiennes qui pèsent environ cinq fois moins que leurs assaillants en Bourse. Il est vrai que le gouverneur de la Banque d'Italie Antonio Fazio, souhaitant que les banques conservent un actionnariat italien, n'a pas empêché les banques transalpines de mettre des bâtons dans les roues des Espagnols et des Néerlandais. Si Antonio Fazio ne veut pas que les banques italiennes soient des proies, le cas de figure inverse ne le dérange pas... Ainsi, la banque italienne Unicredito est en train de racheter la deuxième banque allemande HypoVereinsbank. Ce qui fera de l'ensemble le quatrième groupe bancaire européen. Le secteur bancaire italien perdra alors un peu de son image de cible pour apparaître nettement plus conquérant.
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