Tour des nominations en Europe : bilan des recrutements en 2004

Après 3 ans de consolidation et de réductions d'effectifs, les banques étaient de nouveau en expansion l'année dernière. A la fin du quatrième trimestre, les effectifs étaient en hausse de 5% par rapport aux 12 mois précédents pour l'ensemble des sociétés, et en particulier pour Goldman Sachs, Lehman Brothers, Morgan Stanley, Credit Suisse First Boston (CSFB) et UBS. À l'approche de la fin d'année, les embauches ont commencé à stagner. En novembre et décembre, cinq banques ont annoncé plus de 6.000 licenciements. Une période de ralentissement est donc à prévoir, en particulier pour les petites banques. Emigration de masse: les transferts d'équipes Conséquences des efforts de développement des banques, de nombreuses équipes ont bougé en 2004. L'exemple de mutations le plus notable a eu lieu en Allemagne, où 10 des banquiers allemands de Dresdner Kleinwort Wasserstein (DrKW) ont quitté la société pour rejoindre en juillet CSFB. Parmi eux, se trouvaient quatre directeurs généraux, dont Martin Korbmacher, qui a pris en charge l'activité de CSFB en Allemagne. DrKW aurait essayé, selon certaines sources, d'attirer 20 à 25 banquiers en leur proposant des offres de bonus garantis atteignant 100 millions d'euros au total (122 millions de dollars). Le débauchage de 14 analystes et traders de chez Fox-Pitt, Kelton par Keefe Bruyette & Woods en avril a été tout aussi audacieux. Deux semaines après, quatre membres du groupe italien Fox-Pitt ont également quitté leur emploi pour rejoindre Citigroup. Les départs ont eu pour conséquence une baisse de 15% des effectifs du bureau de Londres. On a également assisté à des transferts d'équipes en avril dans le domaine du corporate broking. Morgan Stanley a débauché cinq employés importants de l'équipe de corporate broking de Merrill Lynch. Deux autres brokers de l'équipe ont également quitté la société pour rejoindre Goldman Sachs. Une série d'embauches a suivi chez Merrill pour pourvoir les postes rendus vacants. Un secteur en ébullition: les dérivés actions Les corporate brokers n'ont pas été les seuls à quitter Merrill Lynch en 2004: la banque a également eu des difficultés à retenir ses équipes de dérivés actions. Merrill a ainsi perdu 13 de ses spécialistes partis rejoindre Nomura en juillet. Merrill a ensuite engagé 17 nouveaux employés en août afin de compléter son équipe de dérivés actions, avant que Nomura ne débauche encore sept employés au début du mois de décembre. Le premier employeur en dérivés actions en 2004 a été Barclays Capital. Dans le courant de l'année, la banque anglaise a recruté plus de 30 employés dans le domaine des produits liés aux actions et 20 en trading de dérivés sur actions. Des secteurs animés: les commodities, le haut rendement Les équipes en commodities, haut rendement et groupe d'institutions financières ont également bénéficié de nombreuses embauches. La plupart des banques ont renforcé leurs équipes en trading de matières premières, poussées par les variations importantes du prix du pétrole et par la forte demande en matière première de l'économie chinoise en pleine croissance. En juillet, DrKW a recruté Neil Rothwell qui travaillait pour la société allemande RWE, afin de mettre en place une activité de trading sur énergie. ABN Amro a engagé cinq employés qui ont rejoint l'équipe de commodities en août et deux autres en mai. De la même manière, l'arrivée de nouveaux investisseurs a relancé l'activité de haut rendement. ABN Amro a été la première à embaucher. En mars, la banque hollandaise a demandé à James Courtenay d'amorcer un retour au junk market. Courtenay avait permis de développer l'activité de haut rendement chez CIBC World Markets; cinq personnes ont rejoint l'équipe en juin. SG et Calyon ont décidé de mettre en place des équipes en haut rendement dès le mois de septembre. Tim Hall, directeur de la dette chez Calyon, a annoncé que la banque recruterait 10 à 12 personnes pour commencer. Les banques très actives: HSBC, Barclays Capital On a assisté l'année dernière à une course à l'embauche menée par de nombreuses institutions, conséquence des changements rapides dans de nombreux secteurs. Barclays Capital a battu presque tous les records en augmentant ses effectifs à Londres de 1.200 employés pendant la seule année 2004, soit une hausse de 38%. HSBC s'est transformé en un véritable moulin pendant quelques mois: selon un salarié d'HSBC, 700 employés ont quitté la banque tandis que 700 autres la rejoignaient entre le dernier trimestre de 2003 et le premier trimestre de 2004. On compte également parmi les gros employeurs de l'année 2004 la Bank of America, qui a embauché plus de 70 employés pour ses équipes européennes de dette, et Bear Stearns, qui a annoncé en juin qu'il prévoyait de recruter entre 200 et 300 employés en Europe dans les trois années à venir, ce qui constituerait une hausse de 30%. Les pays qui ont recruté : l'Allemagne, la France et l'Italie Les banques, qui souhaitaient renforcer leur expertise en banque d'affaires, ont embauché de nombreux top managers en Europe. En Allemagne, Citigroup a embauché Hendrik Hilgert qui travaillait chez Deutsche Bank pour diriger son équipe de fusions et acquisitions. Lehman a embauché deux anciens associés de Goldman Sachs, Jerry McConnell et Christian Meissner, qui ont rejoint l'équipe allemande de sa banque d'affaires. Goldman et Merrill ont réorganisé leurs équipes allemandes en banque d'affaires. Merrill a nommé Richard Taylor au poste de co-directeur de la banque d'affaires allemande. Goldman a promu Marcus Schenck, directeur général et associé, au poste de co-directeur de la banque d'affaires pour l'Allemagne et l'Autriche aux côtés d'Alex Dibelius. En décembre, Goldman a également débauché Dorothee Blessing de chez Deutsche Bank. Blessing avait passé 12 ans chez Goldman et avait permis de développer l'activité des marchés actions de la banque, avant de quitter la société pour rejoindre Deutsche au début de l'année 2004. Les marchés actions ont relancé l'embauche en France. En Mai, DrKW a embauché Vincent Hubert de chez ABN Amro pour développer les capacités de ses marchés actions. Hubert a embauché cinq banquiers qui ont rejoint son équipe en juillet. Pour entrer dans l'activité française d'ECM, Mediobanca a ouvert un nouveau bureau français dirigé par Marc Vincent, ancien directeur général chez Citigroup. Citigroup a offert le poste laissé vacant à Jean-Michel Steg de chez Goldman Sachs. En Italie, CSFB, ABN et SG ont embauché des banquiers seniors. CSFB a recruté Pierpaolo Arcangioli, de chez Merrill, au poste de directeur des marchés actions italiens et Luigi de Vecchi au poste de co-directeur de la banque d'affaires italienne aux côtés de Carlo Calabria. ABN a embauché Paulo Cuccia, Président d'Accia, la société italienne des eaux, au poste de représentant national de ses "wholesale" clients pour la division de sa banque d'affaires. SG a embauché Mauro Brunelli au poste de directeur fusions et acquisitions italiennes. Les banques qui ont licencié: DrKW, ABN Amro, Commerzbank, Deutsche Bank, JP Morgan et CSFB DrKW, ABN Amro, Commerzbank, Deutsche, JP Morgan et CSFB ont refroidi la fin d'année en annonçant des milliers de licenciements. DrKW a annoncé qu'ils prévoyaient le licenciement de 240 personnes à Londres, à Francfort et en Asie. Ils concerneront principalement la corporate finance, le middle et le back office et les marchés de capitaux (c'est-à-dire à peu près tout le monde). La banque allemande a aussi fusionné ses activités d'origination et de conseil en juillet, ce qui a conduit au licenciement de 100 employés. Ce fait n'a pas été confirmé par la banque. ABN Amro a annoncé qu'elle prévoyait de licencier 1.350 employés dans sa division "wholesale", parmi lesquels 240 au sein du bureau de Londres. La banque prévoit en outre de recruter 250 employés pour cette même activité. En IT, 1.200 des 5.000 titulaires seront licenciés dans les 18 prochains mois, selon le plan de restructuration proposé. Commerzbank a annoncé 900 licenciements au sein de son activité de banque d'affaires. Les effectifs des bureaux de Londres seront réduits de moitié. Les équipes de Francfort s'en sont mieux sortis puisque 7% seulement devraient quitter la banque. Deutsche Bank a annoncé qu'elle prévoyait de faire 2.300 suppressions d'emplois dans les deux années à venir, dans le cadre d'un plan de réduction des coûts visant à relancer leur activité actions. La plupart des départs concerneront l'Allemagne et des domaines administratifs comme la gestion de risque ; 500 suppressions concerneront la banque d'affaires internationale et 100 la division des marchés internationaux. Trois directeurs internationaux de recherche ont déjà quitté la banque. On a également assisté à des départs chez Collins Stewart Tullet, le broker qui a fusionné avec Prebon en octobre dernier. Patrick Keenan, directeur chez Prebon, co-fondateur et partisan de la fusion, a quitté la société peu après. Six autres seniors ont suivi, parmi lesquels le directeur de l'IT, le directeur des revenus fixes et des futures, et le directeur international du business développement. Près de 30 des 150 employés de l'équipe IT de Prebon auraient été suspendus, et près de 125 brokers auraient été licenciés. Ces licenciements ont été décidés malgré la promesse faite de ne pas procéder à d'importantes réductions de personnel. En attente de jours meilleurs... On a assisté à de nombreux départs volontaires. Les hedge funds ont continué d'attirer les banquiers de haut vol. Ainsi, Mehmet Dalman, directeur de la banque d'affaires chez Commerzbank, a quitté la société en octobre pour lancer une société de gestion d'actifs. D'autres collègues seniors l'ont suivi. Deutsche Asset Management (DeAM) a également dû faire face aux départs de nombreux seniors. Douze seniors ont quitté la banque dans le courant de l'année. Certains investisseurs institutionnels ont suivi le mouvement: plus de 11 milliards d'euros d'actifs ont ainsi été retiré de DeAM entre août et septembre. Ces mouvements furent un véritable carnage: le gestionnaire d'actifs a procédé à des suppressions d'emplois en prévision d'une possible fermeture de ses actions au Royaume-Uni et en Europe et d'un retour à Francfort. L'un des cadres qui avait quitté DeAM a rejoint CSFB. La banque suisse-américaine s'était séparée de John Mack, son président, en juillet. Fin décembre, elle annonçait que Michael Philipp, ancien directeur de DeAM, prendrait la place de Mack. Philipp avait quitté DeAM en 2002. Mack a quitté le secteur bancaire pour rejoindre Kohlberg Kravis Roberts, le groupe de private equity américain. On devrait assister au premier trimestre 2005 à la valse des départs post-bonus.
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