Gestion des risques : les banques repassent à l'offensive, y compris salariale

L'année a été bonne pour les spécialistes en gestion des risques. Ceux qui sont à même de prédire et de prévenir les désastres sont à nouveau très demandés. Ils peuvent gagner beaucoup d'argent à déployer leur expertise dans les secteurs sensibles.D'une façon générale, les recruteurs observent une demande soutenue en experts du risque dans les trois domaines de la profession: risque de crédit, risque de marché et risque opérationnel. Pas besoin de sortir de Polytechnique pour comprendre pourquoi. Les crédits aux entreprises ont grimpé de 46% atteignant 838 milliards de dollars (710 milliards d'euros) au cours des neuf premiers mois de l'année, et la valeur du marché des dérivés de crédit a progressé de 48% à 12.400 milliards. En outre, la date limite de 2007, date d'application des normes prudentielles bancaires de Bâle II approche à grands pas."Le recrutement est soutenu", rapporte Adrian Marples, chargé de recrutement en gestionnaires du risque chez Sheffield Haworth à Londres. "Après une année 2004 très dynamique, l'activité a été molle au début de l'année et l'été plutôt calme. Aujourd'hui, les banques fourbissent leurs armes pour embaucher dès que les bonus auront été versés en 2006". "Quants" recherchés en France. Selon Jérôme Bonnard, chargé de recrutement spécialisé en finance chez RCBF consulting, les banques françaises cherchent des candidats aux fortes compétences quantitatives pour gérer les risques de marchés, capables de construire et valider des modèles mathématiques. En revanche, la demande en experts en risque de crédit et risque opérationnel est faible. "Il y a beaucoup de candidats", justifie-t-il. Cette situation contraste avec celles qui prévaut en Allemagne ou en Suisse, où le risque opérationnel est le sujet numéro 1. "La plupart des offres actuelles concernent le risque opérationnel", observe Natalie Jouan au bureau de Michael Page à Francfort. "En raison des contraintes liées à Bâle II, des banques comme Deutsche Bank, Commerzbank ou Dresdner KW recrutent". Même son de cloche à Zurich selon Ivano Coni, associé chez Coni & Partner Executive Search: "UBS vient d'achever la mise en place de sa division risque opérationnel". Selon Natalie Jouan, les salaires sont de 75.000 euros fixe plus 10 ou 20% de bonus pour les gestionnaires du risque opérationnel. En Suisse, c'est plus encore : 90.000 de fixe et 15% de bonus. Les assureurs italiens prêts à recruter. En Italie, ce sont les assureurs qui pourvoient les jobs. Selon Giorgio Veronelli, directeur exécutif chez Michael Page à Milan, les compagnies d'assurance vont se retrouver en bout de queue pour recruter en 2006. "Les changements réglementaires imposés par l'association des assurances italienne ISVAP, va accroître l'attention portée aux risques. Nous nous attendons à voir beaucoup plus d'emplois de gestion des risques au sein des Assurances à partir de janvier". La mauvaise nouvelle, c'est qu'en terme de rémunération, l'Italie est à la traîne de l'Europe ou des autres places financières qui comptent pour ces métiers. Avec 5 ans d'expérience, difficile d'espérer gagner plus de 100.000 euros. A Londres, estime Adrian Marples, le même candidat peut aspirer à plus du double. Au niveau vice-président, en charge de construire des modèles financiers complexes permettant d'évaluer les risques de perte sur produits de dérivés de crédit, les salaires de base à Londres s'élève à 85.000 livres plus 100% de bonus selon le recruteur. "La demande pour les candidats ayant une forte expertise en produits de crédit structurés est toujours très forte". Hedge funds. Contrairement à l'Europe continentale, les hedge funds sont pourvoyeurs de postes au sein de la City. Permal Investment Management ainsi que Optimal Investment Services ont tous deux embauché au cours des derniers mois. Toutefois, les gens les plus recherchés, selon Adrian Marples, sont les analystes de risque de crédit en banque d'investissement ou les analystes de hedge funds. Les banques recherchent des analystes proactifs capables d'estimer les risques liés aux affaires avec les fonds potentiellement risqués. Cette spécialité est susceptible d'être rémunérée avec une prime de 10% sur les rémunérations standards des analystes de crédit. Aux Etats-Unis enfin, les hedge funds sont également les moteurs du recrutement. "C'est du côté de la division prime brokers des banques d'investissement que la recherche de candidats en gestion des risques est la plus forte", souligne Michael Woodrow, président du cabinet de recherche Risk Talent Associates. "Les candidats doivent combiner expertises en crédit et en marché : ils doivent pouvoir évaluer le risque de prêter aux hedge funds, mais également les déterminants de marché susceptibles d'impacter les hedge funds". Les salaires s'envolent. Un directeur de prime brokerage peut gagner jusqu'à 700.000 dollars.
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