Pour une fois, on n'a pas voulu prêter au riche !

La rivalité entre les Etats européens pour conserver des entreprises sur leur sol atteint parfois des situations ubuesques qui prêteraient à rire s'il ne s'agissait de l'intérêt commun. Ainsi, le gouvernement irlandais se trouve obligé de retirer la subvention de 170 millions d'euros qu'il comptait verser à Intel pour sa nouvelle usine. Cette décision a été prise suite à l'enquête sur la légalité de cette aide lancée par la Commission européenne. L'enquête devait durer près de 18 mois et se conclure vraisemblablement par un refus de Bruxelles car, a expliqué Jonathan Todd, le porte-parole de Neelie Kroes la commissaire européenne à la Concurrence, "Intel est déjà un acteur très significatif sur le marché des semi-conducteurs. Et une telle aide risque de renforcer sa position et de fausser la compétition".Dublin a donc préféré prendre les devants mais cela n'a pas été du goût du Ministre irlandais des entreprises, Michael Martin pour qui la Commission a été "vraiment bornée". Il faut dire que Intel dispose en Irlande (à Leixlip exactement) d'une de ses plus grandes usines mondiales de semi-conducteurs dans laquelle elle emploie près de 5.000 personnes. Pour développer sa nouvelle génération de puces, Intel a décidé de construire une nouvelle usine et tout naturellement, le fabricant californien qui possède 80% du marché mondial des semi-conducteurs et qui a réalisé en 2004 un bénéfice net de 7,5 milliards de dollars (pour 34,2 milliards de chiffre d'affaires) a décidé de se tourner vers le gouvernement irlandais pour l'aider à financer le bâtiment estimé à 1,6 milliard de dollars.Après tout, Intel ne fait que profiter d'une politique mise en place depuis quelques années par Dublin pour attirer des sociétés à haute valeur ajoutée à coup d'exonérations fiscales et d'aides publiques. Oui mais aujourd'hui, la Commission européenne, sans doute poussée par Paris et Berlin impuissants à faire baisser leurs taux de chômage respectifs, tape du poing sur la table et remet en cause ce dispositif absurde qui aboutit à financer par des fonds publics l'une des sociétés les plus rentables au monde. Intel devra donc remettre la main à la poche d'autant plus que son usine doit être terminée en 2006. Mais pour la Commission, cette victoire risque d'être sans lendemain car face à l'état économique de l'Europe, il n'est pas sûr qu'elle ose trop souvent faire preuve d'une telle sévérité.

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