Ceux qui ne croient pas à l'intérêt des fusions transfrontalières dans le domaine bancaire devront peut-être réviser leur jugement. En annonçant leur fusion, l'italienne UniCredit et l'allemande HypoVereinsbank (HVB) risquent en effet de faire vaciller bien des certitudes. Ni les réglementations nationales ni les barrières culturelles n'ont en effet empêché les deux groupes de progresser rapidement dans leur projet et de mettre sur pied un plan de fusion à grande échelle. UniCredit accepte de payer 19 milliards d'euros au total pour s'offrir la deuxième banque privée allemande et pour constituer le premier groupe bancaire dans les pays de l'Est. Au delà de la consolidation européenne, ce sont bien les perspectives dans les nouveaux membres de l'Union qui motivent les dirigeants italiens. Leurs homologues allemands avaient de toutes autres préoccupations. Confrontés à un redressement plus complexe que prévu de leur situation financière, ils ont préféré choisir eux-mêmes leurs partenaires plutôt que de se voir dicté leur destin. Du côté de Milan, l'occasion était trop belle de mettre la main à la fois sur un établissement en voie de consolidation et sur un dispositif attractif en Europe de l'Est. Ces pays présentent un potentiel de développement considérable tant en matière de financement des ménages que des entreprises. Il faudra certes être patient mais le décollage économique promis par l'intégration européenne promet à ce pari d'être rentable. Les concurrents sont, pour l'instant du moins, distancés et il leur faudra rivaliser d'efforts pour combler le retard. La capacité d'UniCredit et de HVB à franchir le pas ne manquera pas de faire réfléchir leurs homologues européennes. Elles n'ont jamais été aussi riches et n'ont jamais paru aussi frileuses. Il est vrai qu'une fusion demande de trancher quelques questions délicates: à qui le siège, à qui les postes de directions? Mais à trop tergiverser, on risque bien de laisser passer les meilleures occasions.

latribune.fr

19 Oct 2008, 21:13

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