L'action EDF retrouve son cours d'introduction

Pour la première fois depuis l'entrée en Bourse d'EDF, le 21 novembre dernier, l'action a retrouvé son cours d'introduction et même un peu plus. Le titre a en effet terminé la journée sur un gain de plus de 2%, à 32,30 euros. Une remontée surprise qui fait suite à une journée de polémiques sur les projets du groupe en matière de suppressions d'emplois.C'est mercredi dans la soirée que la direction du groupe d'électricité a annoncé sa décision de ne remplacer qu'un départ sur trois ou quatre dans le cadre des départs à la retraite des années à venir. D'ici à la fin de 2007, quelque 9.000 salariés cesseront leur activité, ce qui correspondrait donc à 6.000 ou 6.500 suppressions de postes. La direction d'EDF a ajouté que ces réductions d'effectifs seraient réalisées sans aucun licenciement.Cette annonce a été fort mal reçue sur les fronts syndicaux et politiques. Dès mercredi soir, la CGT de l'Energie, majoritaire chez EDF, a violemment réagi, s'affirmant "sidérée par une annonce qui préfigure une autre logique économique dans le droit fil de l'ouverture du capital d'EDF". Le syndicat, qui s'exprimait par la voix de son porte-parole Maurice Marion, qui était interrogé par l'AFP, s'est demandé s'il fallait voir là "un effet d'annonce pour faire monter le cours de la Bourse". Et la CGT de l'Energie d'enchaîner: "il va nécessairement y avoir une confrontation". Le syndicat n'est pas le seul à établir un lien direct entre le projet de diminution des effectifs et l'entrée en Bourse d'EDF le 21 novembre dernier. Le dirigeant socialiste Laurent Fabius a lui aussi embrayé sur ce thème, affirmant ce matin que l'annonce du groupe est destinée à faire "monter les cours" de son action. Selon lui, l'entrée en Bourse d'EDF amènerait aujourd'hui le groupe à adopter une politique de réduction des effectifs destinée à stimuler le parcours boursier du titre, plutôt médiocre jusqu'ici.De fait, si la mise en Bourse de l'électricien s'est traduite par un afflux record de quelque 5 millions de souscripteurs, le comportement de l'action a été depuis fort décevant. Jusqu'à aujourd'hui, le titre n'avait jamais retrouvé le niveau de 32 euros de son introduction, évoluant quelques dizaines de centimes en dessous.Reste que pour le gouvernement, il serait des plus fâcheux que l'opinion se convainque du lien direct entre entrée en Bourse et réduction d'effectifs. Le Premier ministre Dominique de Villepin est donc monté au créneau ce matin pour tenter de désamorcer la polémique. La décision de la direction d'EDF, a-t-il affirmé, correspond "aux exigences du monde d'aujourd'hui", qui imposent en permanence de gérer les entreprises et d'adapter leurs capacités.La décision, a-t-il insisté, "a été prise avant l'augmentation du capital d'EDF". Le problème pour EDF, a-t-il estimé, c'est de se battre pour "être compétitive, se moderniser, rester une grande entreprise mondiale dans le domaine énergétique". Selon le chef du gouvernement, enfin, "nous ne sommes plus dans les années 60 où on entrait dans une entreprise, jeune, et on terminait sa carrière dans cette même entreprise".Reste que, quoi qu'en dise le Premier ministre, la coïncidence entre l'annonce des suppressions d'emplois et la remontée de l'action ne pourra qu'apporter de l'eau au moulin des adversaires de la privatisation de l'entreprise publique.
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