Pas d'accord à l'amiable entre Bernard Tapie et l'Etat

Par latribune.fr  |   |  552  mots
Le bras de fer engagé depuis plus de dix ans va se poursuivre. Selon l'AFP, qui s'appuie sur des sources proches du dossier, la médiation entre Bernard Tapie et l'Etat concernant la cession du groupe Adidas par le Crédit Lyonnais en 1993 aurait échoué. "Le médiateur Jean-François Burgelin, ancien procureur général près la Cour de cassation, a constaté lundi soir qu'aucun accord n'avait été trouvé. Il doit en informer aujourd'hui la Cour d'Appel de Paris", a précisé cette source.Le feuilleton n'est donc pas terminé. Et pour mieux en comprendre le déroulement, il convient de reprendre l'histoire à son commencement. Au début des années 1990, après avoir connu la gloire, Bernard Tapie se trouve en pleine tourmente financière et judiciaire. Face aux difficultés de l'homme d'affaires dont il a longtemps été le soutien, le Crédit Lyonnais, en position de créancier, récupère des actifs dont Adidas. L'équipementier sportif sera revendu en 1993 puis introduit en Bourse l'année suivante par son nouveau patron, Robert Louis-Dreyfus.C'est sur cette opération que porte le litige. Bernard Tapie, qui doit encore combler un passif important, estime avoir été illégalement privé des plus-values dégagées par la banque lors de la cession puis de l'introduction d'Adidas.Une longue bataille judiciaire s'est engagée et, l'an passé, l'Etat a accepté le principe d'une médiation. La Cour d'appel de Paris a ainsi confié à Jean-François Burgelin, ancien procureur général près la Cour de cassation, le soin de mener cette tentative de règlement à l'amiable. D'un côté, celui de l'Etat, se trouvait le CDR, l'organisme chargé de réaliser les actifs douteux du Crédit Lyonnais. De l'autre, les administrateurs de la liquidation et les représentants d'anciens actionnaires du groupe Bernard Tapie Finance. Juridiquement, l'homme d'affaires était exclu de cette médiation. Cependant, il n'a visiblement pas manqué d'agir en coulisses, dans cette bataille lourde de conséquences pour lui. Fidèle à sa réputation d'homme entier, parfois excessif, il affirmait au quotidien Le Monde la semaine dernière: "je joue ma vie là-dessus".Cette médiation, qui s'est ouverte le 12 novembre dernier avec une échéance fixée au 12 avril, aurait en effet pu remettre rapidement à flot l'ancien président de l'Olympique de Marseille. Avec toutefois un bémol. Selon les projections, rapportées par Le Monde, de René Ricol, l'expert-comptable assistant Jean-François Burgelin sur le dossier, le rétablissement des sociétés de Bernard Tapie entraînerait l'exigibilité de millions d'euros d'impôts. Tant et si bien que l'homme d'affaires serait à nouveau incapable de payer le fisc.Tout dépendrait également des sommes obtenues. Car pour l'instant les écarts sont grands. D'après une autre source proche de l'affaire, "les termes de la médiation proposaient que le CDR abandonne les 100 millions d'euros de créances dues par Bernard Tapie, mais pas sa dette fiscale de 40 millions d'euros, or l'ancien homme d'affaires, en situation de faillite personnelle, réclamait beaucoup plus". D'après les chiffres évoqués jusqu'ici, les liquidateurs de Bernard Tapie Finance réclamaient au total environ 1 milliard d'euros. L'affaire se règlera donc au tribunal. D'après les sources de l'AFP, un procès devrait s'ouvrir le 8 juin.