Microsoft réussira-t-il à sortir du bureau ?

Il y a peu, Microsoft annonçait, au congrès mondial de la téléphonie mobile 3GSM à Cannes, un accord avec Nokia. Et chacun, en première analyse, de saluer le succès de la firme de Bill Gates, qui aurait réussi à vaincre les préventions du fabricant de mobiles finlandais. Lequel aurait fini par céder, après avoir été le plus ferme soutient et l'actionnaire de Symbian, éditeur - indépendant - d'un système d'exploitation pour mobiles. La presse, anglo-saxonne notamment, a fait ses titres sur cet accord, comme s'il augurait de l'arrivée prochaine du système d'exploitation de Microsoft, Windows Mobile, sur les terminaux du premier fabricant mondial de terminaux.Dix jours plus tard, Microsoft récidive et dévoile un accord dans la télévision sur ADSL, avec Alcatel cette fois. Microsoft fournira la partie logicielle d'une application intégrée dans un décodeur ADSL. Parmi les fonctionnalités annoncées: la vidéo à la demande, les jeux en ligne , le choix des angles de caméras lors de la visualisation d'une compétition...Soit. Mais de l'annonce à la prise de position effective sur ces nouveaux marchés, il y a un pas, que Microsoft semble peiner à franchir. Dans la téléphonie mobile, Nokia a vite tenu à préciser qu'il n'avait qu'un accord de collaboration avec Microsoft. Ses téléphones seront capables de dialoguer avec les applications Windows, afin de faciliter les échanges entre le PC et le terminal mobile, pour synchroniser des messages, récupérer des fichiers musicaux... Que le leader du terminal mobile cherche à faciliter la communication de ses clients équipés, neuf fois sur dix, d'un PC sous Windows, est somme toute logique. Mais pas question d'inviter Microsoft à demeure et d'adopter Windows Mobile comme système d'exploitation. Pour l'heure, sur les portables de troisième génération, seul un fabricant taïwanais HTC a opté pour Windows Mobile. Même réticence du côté de la gestion des droits numériques (DRM) pour les contenus diffusés sur mobiles. Les fabricants et les opérateurs préfèrent s'appuyer sur une alliance ouverte, l'Open Mobile Alliance, plutôt que de s'en remettre à la DRM de Microsoft, de crainte qu'elle n'ouvre la porte à ses logiciels de lecture des contenus notamment, et qu'elle la referme derrière elle. L'accord avec Alcatel augure-t-il d'une percée plus facile dans la télévision ? Jusqu'ici, l'équipementier français en télécommunications, leader dans les technologies ADSL, avait développé ses propres logiciels en concurrence avec ceux de Microsoft. Les deux partenaires ont annoncé que chacun se concentrait désormais sur son coeur de métier: à Alcatel la partie réseau, à Microsoft la partie logicielle liée aux services proposés. Mais Alcatel n'est pas tenu à l'exclusivité. Avec cet accord, Microsoft bénéficie des entrées d'Alcatel auprès des opérateurs de téléphonie fixe, qui lui faisait défaut. Une trentaine d'entre eux seraient intéressés. Mais un seul a signé: l'américain SBC, qui proposera un décodeur à ses clients en novembre 2005. D'autres sont en test: Verizon, numéro un du secteur aux Etats-Unis, l'italien Telecom Italia, le canadien Bell, le suisse Swiss Com. Le succès de cette offensive vers la télévision sur ADSL reste donc à confirmer. Elle intervient en tous cas après des années d'efforts déployées pour arriver sur le téléviseur via le câble. Espérant vendre ses logiciels pour les décodeurs, Microsoft avait investi des milliards de dollars dans des réseaux câblés, comme AT&T en 1999, Telewest au Royaume Uni. Un investissement qui a bénéficié aux "câblos", pour financer la modernisation des réseaux. Microsoft en revanche n'en a pas eu les retours escomptés dans la vente de ses technologies, concurrencées par des offres plus compétitives. Ce n'est qu'en 2004, qu'il a marqué son premier succès avec l'achat par Comcast, le numéro 1 du câble US, de 5 millions de licences (sur 21 millions d'abonnés) de ses lociciels pour la télévision interactive , "TV Foundation Edition". Le déploiement va démarrer lentement, dans l'Etat de Washington où moins de la moitié du million de foyers abonnés à Comcast ont le câble numérique.Aujourd'hui, "telcos" et "cablos" américains se livrent bataille sur le même marché: celui des offres "triple play" (télévision, Internet, téléphone). En courtisant les opérateurs de télécommunications, et en misant sur le DSL, Microsoft ne risque-t-il pas de ruiner les avancées, encore timides, qu'il vient d'obtenir dans le câble, aujourd'hui très largement déployé auprès des foyers américains? Le chemin pour sortir du PC et gagner le salon est pavé d'embûches.
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