La fusion UniCredit-HVB menace 9.000 emplois

Par latribune.fr  |   |  778  mots
Ce sont des objectifs ambitieux que la banque italienne UniCredit et son homologue allemande HVB se fixent dans le cadre de leur fusion annoncée dimanche. Selon une présentation effectuée lundi matin pour les analystes, les deux établissements, dont le rapprochement va constituer la quatrième banque de la zone euro, ambitionnent une croissance annuelle moyenne du bénéfice opérationnel combiné des deux établissements de 19% d'ici à 2007. L'augmentation de la rentabilité devrait donc être nettement plus rapide que celle de l'activité puisque, sur la même période, la croissance du chiffre d'affaires est prévue à 7% par an en moyenne.Selon les chiffres publiés ce matin, le nouveau groupe, issu de la plus grosse fusion transfrontalière jamais réalisée dans la zone euro, prévoit de faire passer son bénéfice opérationnel de 7,6 milliards d'euros en 2004 (en pro forma) à 11,8 milliards en 2007. Simultanément, le chiffre d'affaires passerait de 19,7 à 24,1 milliards d'euros.Le groupe combiné se fixe comme objectif de dégager un rendement des fonds propres (ROE) de 18% en 2007. Cette année, le ROE ne devrait s'élever qu'à 13%, avant coûts de restructuration.En se fixant cet objectif de 18% d'ici deux ans, le groupe ambitionne en fait d'aligner les performances de l'ensemble du groupe sur celles du seul UniCredit. L'établissement italien a dégagé en effet à la fin de 2004 un ROE de 17,9%, ce qui en fait la banque italienne la plus rentable. A l'inverse, HVB souffre de sérieuses difficultés, notamment du fait de son exposition au marché immobilier allemand.Pour améliorer ainsi sa rentabilité, le groupe veut évidemment réduire ses coûts. Son ratio coûts/revenus devrait ainsi s'établir à 51% en 2007, contre 60% fin 2004. Les synergies, qui porteront essentiellement sur les coûts, sont prévues pour un montant de 985 millions d'euros avant impôts d'ici 2008.Sans surprise, c'est sur l'emploi que devrait porter une bonne partie de l'effort. Du coup, l'inquiétude prévaut chez les salariés du groupe. Selon le syndicat allemand des services Verdi, ce sont quelque 9.200 emplois qui seraient menacés. A en croire Klaus Grünewald, représentant de Verdi au conseil de surveillance de HVB, les suppressions de postes devraient toucher tout particulièrement les filiales des deux banques en Europe de l'Est.Le groupe constitué par UniCredit et HVB va en effet se retrouver dans une position très forte dans les différentes pays d'Europe centrale et de l'Est. Leader du marché dans la région, il sera actif dans onze pays, avec des présences très fortes dans des pays comme la Pologne, la Bulgarie et la Croatie. Avec le risque, donc, d'emplois redondants qui devront être supprimés.L'Allemagne aussi est concernée par les retombées sociales du rapprochement. Toujours selon Verdi, plus de 1.000 salariés y seraient également menacés. A l'inverse, la banque acheteuse, UniCredit, se serait engagée à éviter tout licenciement sec dans le pays sur les trois prochaines années.Que le rapprochement des deux établissements ait un coût en termes d'emplois a été confirmé ce matin par l'administrateur délégué du groupe italien, Alessandro Profumo. S'exprimant dans une interview accordée au quotidien La Repubblica, celui-ci affirme que le nouveau groupe réduira ses effectifs de 7% dans les trois années à venir. Et l'administrateur confirme que les réductions seront inégalement réparties: -9% des effectifs en Europe centrale et orientale, -7% en Allemagne et Autriche, -2% en Italie... Les deux groupes réunis comptant environ 126.500 salariés, une réduction de 7% affecterait quelque 8.850 personnes.Le principal actionnaire de HVB, le réassureur allemand Munich Re, s'est pour sa part réjoui lundi matin de l'accord annoncé la veille. "Nous nous félicitions de l'initiative stratégique de notre partenaire HypoVereinsbank de participer à cette fusion transfrontalière", affirme un communiqué de Nikolaus von Bomhard, le patron de Munich Re. Ce dernier groupe, qui possède 18,3% de HVB, compte bien "surveiller de près l'échange d'actions proposé par UniCredit".La banque italienne propose 15,4 milliards d'euros pour prendre le contrôle de HVB. Une opération qui se fera sous forme d'offre publique d'échange d'actions, la banque italienne proposant cinq actions UniCredit contre un titre HVB. Selon Alessandro Profumo, le choix de racheter une banque étrangère s'explique parce que, avec une banque italienne, "nous aurions eu moins d'opportunités de croissance et nous n'aurions pas pu profiter de l'effet diversification".La confirmation de cette opération, qui était très attendue, est en tout cas bien perçue par les marchés. Lundi, le titre UniCredit gagne 3,05% à 4,22 euros en fin de journée.