Les exceptionnels pèsent sur la pharmacie américaine

Difficile fin d'année pour la pharmacie américaine, du moins pour les deux groupes qui ont publié leurs résultats ce mardi. Car chacun d'eux a subi l'impact de lourds éléments exceptionnels. Chez Merck & Co. tout d'abord, c'est sans surprise le retrait de l'anti-inflammatoire Vioxx (décidé le 30 septembre dernier) qui a pénalisé les comptes du quatrième trimestre.Le bénéfice net du troisième groupe pharmaceutique mondial est certes ressorti en ligne avec ses attentes (50 cents par action contre une fourchette de 48 à 53 cents). Mais il est passé en un an de 1,39 milliard à 1,1 milliard de dollars, soit une chute de 21%. Et ce sont bien les déboires du Vioxx qui sont à l'origine de la contre-performance du groupe. Au quatrième trimestre, Merck a dû établir des provisions de 604 millions de dollars en prévision de ses futurs frais de défense dans les litiges liés au Vioxx. Il précise par ailleurs que le retrait de ce produit suspecté d'augmenter les risques d'accidents cardiaques lui a coûté de 700 à 750 millions de dollars de chiffre d'affaires au quatrième trimestre.Sur l'ensemble de l'année, l'affaire n'a également pas été sans conséquence: pour mémoire, le Vioxx avait cumulé des ventes de 2,5 milliards de dollars en 2003. Si le chiffre d'affaires a progressé de 1,8% à 22,9 milliards de dollars, le bénéfice par action (BPA) est tombé de 2,92 dollars à 2,61 dollars. Le chiffre de 2004 tient évidemment compte de la charge de 25 cents enregistrée au troisième trimestre pour le retrait du Vioxx.Comme l'avait déjà anticipé le groupe, 2005 devrait aussi marquer un repli des résultats. Merck a confirmé sa prévision de BPA de 2,42 à 2,52 dollars pour l'ensemble de l'année. Reste à savoir quelle sera l'issue des poursuites dirigées contre Merck. D'aucuns estiment que les actions engagées (au nombre de 575) pourraient déboucher sur une facture de 10 à 15 milliards de dollars. L'étude publiée en ligne mardi par le magazine médical britannique The Lancet ne devrait en tout cas pas arranger les affaires de Merck puisqu'elle conclut que le Vioxx serait responsable de 88.000 à 140.000 cas de maladie cardiaque sérieuse aux Etats-Unis.Toutefois, le groupe paraît assez confiant. Exceptée la provision pour ses frais de justice, il dit n'avoir établi aucune réserve destinée à couvrir une éventuelle responsabilité. "Nous avons évoqué précédemment notre intention de nous défendre vigoureusement contre ces actions en justice", rappelle aujourd'hui le laboratoire.Du côté de Schering-Plough, les données du problème sont différentes. C'est un simple effet fiscal qui a alourdi les comptes du quatrième trimestre. Mais d'une manière significative puisque, malgré des ventes en hausse de 12%, le laboratoire a terminé le quatrième trimestre sur une perte de 856 millions de dollars (multipliée par 4,7 en un an).Sur ce déficit, 807 millions proviennent d'une provision fiscale liée principalement à la récente disposition légale qui permet aux entreprises de rapatrier des fonds de filiales étrangères à des taux d'imposition très avantageux. Schering-Plough prévoit de récupérer ainsi 9,4 milliards de dollars, mais n'a pas précisé à quel rythme il le fera.Sur l'année, cette mesure a également des effets spectaculaires, la perte étant passée de 92 à 981 millions de dollars. Mais, en l'excluant, Schering-Plough ne s'est pas trop écarté de la voie tracée par les analystes. Sa perte trimestrielle hors exceptionnels est de 2 cents contre une prévision de résultat à l'équilibre du côté de Wall Street.Le marché ne sanctionne d'ailleurs en rien ces annonces. Deux heures après l'ouverture, l'action Schering-Plough avance de 0,5% tandis que celle de Merck gagne 3,38%.
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