L'économie chinoise en passe de se hisser au quatrième rang mondial

C'est une quatrième place au niveau mondial qui devrait revenir à la Chine en 2005. Après une année d'un fastidieux rescencement conduit par le Bureau National des statistiques (BNS), la Chine a fortement réévalué son Produit intérieur brut (PIB). Par rapport aux chiffres 2004, il est de 16,8% supérieur aux données publiées jusque là et atteint 16.000 milliards de yuans l'an dernier, soit 1.654 milliards d'euros, plaçant l'empire du Milieu au sixième rang mondial en 2004, devant l'Italie et derrière l'Allemagne. Après une septième place au classement général initial et compte tenu des taux de croissance attendus pour cette année, la Chine pourrait se hisser à la quatrième place en 2005, derrière les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne, et devant la Grande-Bretagne et la France. Mais il faut encore attendre les statistiques 2005, a modéré le BNS. "Il est important de noter que les chiffres de croissance n'ont pas encore été révisés, et que le BNS s'apprête à réviser également les chiffres de 2003 et des dix années antérieures", souligne par ailleurs Sébastien Barbé, économiste chez Calyon.La raison de cette révision: une meilleure évaluation des services, jusque là calculés de façon floue. Leur part est ainsi passée de 31,9% à 40,7% dans le PIB chinois, tandis que le secteur secondaire a été ramené à 46,2% contre 52,9% jusque là. "La sous-estimation des services est typique des pays émergents", a expliqué Ma Jun, analyste en Chine pour la Deutsche Bank, interrogé par l'AFP, en allusion à l'économie souterraine qui anime le secteur tertiaire. "Cela va dans la bonne direction car l'évasion fiscale est un vrai problème dans le secteur des services, qui conduit aussi à une sous-évaluation de l'économie", estime Dong Tao, analyste au Credit Suisse First Boston (CSFB) à Shanghai. Ainsi, en révisant ces chiffres, les autorités chinoises ont également pour objectif de mieux identifier les richesses dans les provinces et de s'attaquer plus sérieusement à la question des impôts qui ne rentrent pas dans les caisses de l'Etat. Mais ces chiffres sont encore à prendre avec précaution. Ils pourraient encore être loin de la réalité. En Inde, en effet, les services pèsent 55% du PIB alors qu'ils sont au moins aussi importants qu'en Chine.Outre la fierté qu'il retire de cette révision, le gouvernement chinois va également pouvoir montrer une économie mieux structurée et plus équilibrée à la communauté internationale et aux investisseurs étrangers. En effet, la révision, due à 93% aux services, a pour conséquence de réduire la part des investissements dans le PIB et d'accroître celle de la consommation. Or, jusque là, les économistes craignaient que la demande intérieure ne soit trop faible par rapport aux investissements injectés dans l'économie chinoise, une hypothèse qui hypotéquerait à terme la formidable croissance chinoise."L'économie chinoise pesera la moitié de celle du Japon avant la fin de l'année; les grands équilibres dans la région sont bouleversés", estime Kenneth Courtis, vice -président de Goldman Sachs en Asie. Nul doute que cette réévaluation renforcera les pressions internationnales pour la réévaluation de la monnaie chinoise, le yuan, accusé d'être maintenu à un faible niveau afin de favoriser les exportations chinoises. Principaux partenaires à souffrir de déficits commerciaux avec l'empire du Milieu, les Etats-Unis et l'Europe ne cessent en particulier de réclamer un réajustement de la monnaie chinoise, la jugeant toujours sous-évaluée malgré le geste de juillet (+2,1%).
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.