Les banques américaines soldent le scandale Enron à coups de milliards de dollars

La facture de l'affaire Enron ne cesse de s'alourdir pour les banques impliquées dans l'une des plus gigantesques faillites frauduleuses jamais vues aux Etats-Unis. La banque américaine JP Morgan Chase vient ainsi d'accepter de verser 2,2 milliards de dollars aux porteurs d'obligations Enron, afin de mettre un terme aux poursuites judiciaires qui la visaient.S'ajoutant aux 2 milliards de dollars concédés vendredi dernier par Citigroup, cet accord porte donc à 4,2 milliards la somme attribuée en cinq jours aux investisseurs d'Enron. Autant dire que pour les établissements financiers considérés, le coût de ces règlements se révèle colossal...Deuxième banque des Etats-Unis, JP Morgan Chase va d'ailleurs devoir porter dans ses comptes du trimestre une provision de 2 milliards de dollars avant impôts, soit 1,25 milliard après impôts. Mais pour l'établissement, cette lourde facture est justifiée : il s'agit avant tout de "tourner la page sur les incertitudes liées aux affaires judiciaires", comme l'a affirmé William B. Harrison Jr., le PDG de l'établissement.Une fois de plus, l'affaire Enron confirme son statut de faillite hors norme. L'effondrement de ce courtier en énergie, survenu en décembre 2001, a fait apparaître au grand jour un ensemble de manipulations et de fraudes financières exceptionnel, même comparé aux autres scandales des années "post-bulle". La chute d'Enron, qui a également entraîné celle de son auditeur Andersen, a incité nombre d'investisseurs à se retourner contre les réseaux bancaires qui travaillaient avec le groupe spécialiste de l'énergie. Les banques se sont vues reprocher leur proximité avec Enron, qui les a incitées à placer auprès des investisseurs les titres émis par le groupe sans se soucier de sa véritable santé financière ni des risques qu'elles faisaient ainsi courir à leurs clients.De ce fait, une dizaine de banques ont été poursuivies. Confrontés à la perspective de procédures aussi interminables que ruineuses, des établissements comme Citigroup et JP Morgan ont donc préféré passer des accords à l'amiable, sans pour autant, bien entendu, reconnaître une quelconque culpabilité...Ces deux géants de la finance américaine viennent grossir les rangs des banques qui ont déjà transigé, et qui comprennent Lehman Brothers, Bank of America, etc... L'affaire n'est pas réglée pour autant : des établissements comme Merrill Lynch, Credit Suisse First Boston, Goldman Sachs, la Deutsche Bank ou la Barclays sont toujours poursuivis.Et pour les banques américaines, l'affaire Enron n'est pas le seul scandale qu'il leur faut solder à coups de dédommagements pharaoniques. Sur les 2 milliards de provisions que va passer JP Morgan, la moitié de la somme correspond d'ailleurs à "la meilleure estimation actuelle par la direction" de ce que pourraient coûter les autres affaires en cours.L'effondrement de l'opérateur de télécoms WorldCom a suscité une facture de 2 milliards de dollars pour JP Morgan Chase, 2,6 milliards pour Citigroup, 460 millions pour Bank of America, etc... Au total, les scandales des premières années du XXIème siècle ont déjà coûté 5 milliards de dollars à Citigroup. Et la seul affaire WorldCom a coûté quelque 6 milliards de dollars en tout aux professionnels de la finance.
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