Baptême de l'air réussi pour l'A380

Premier vol réussi. Mercredi matin, l'A380 d'Airbus a comme prévu décollé de la piste de Toulouse-Blagnac (Haute-Garonne). L'équipage, avec à sa tête Claude Lelaie, le chef des essais en vol d'Airbus, devait déterminer le comportement en vol de ce nouveau géant des airs. Quatre heures plus tard, l'avion est revenu se poser sans problème, bouclant ainsi son premier vol d'essai.Noël Forgeard, le président d'Airbus, a tenté de dédramatiser l'événement, en expliquant qu'"il n'y a rien de vraiment très difficile dans ce vol". Il n'empêche qu'il s'agissait d'un véritable défi technique pour Airbus, qui a décidé de concevoir un appareil capable de transporter de 555 à 800 passagers répartis sur deux ponts. Et ce ne sont pas les seuls chiffres à donner le vertige. Le prix, compris entre 263 et 286 millions de dollars l'unité, la masse au décollage de 560 tonnes ou la consommation horaire de 17.000 litres sont tout aussi impressionnants.Mais au-delà des enjeux techniques, Airbus joue surtout une manche importante sur le plan commercial, avec ce programme de 10,7 milliards d'euros. Le groupe européen a décidé de miser sur le transport de masse, tandis que Boeing croit au transport long-courrier de point à point avec des capacités moindres. Un choix qui s'est concrétisé avec le lancement du programme B787, le "Dreamliner".Pour l'instant, l'option prise par Airbus semble payante. Il a enregistré 154 engagements de compagnies, dont 144 fermes, sur l'A380. Mais l'actualité récente vient de montrer que la vision de Boeing séduit également les transporteurs. Le constructeur américain a de son côté engrangé coup sur coup deux contrats spectaculaires, volant quelque peu la vedette à l'A380 le jour de son premier envol. L'Américain s'est entendu avec Air India et Air Canada pour leur livrer respectivement 50 et 32 appareils. Sur ces 82 avions (sans compter les options prises par les deux transporteurs), 41 seront des B787. Le carnet de commandes du "Dreamliner" est désormais de 263 unités, dont 88 commandes fermes, un an seulement après le lancement du programme.Boeing marque donc des points face à son rival, qui le distance en termes de livraisons depuis deux ans. Cette année encore, Airbus devrait rester leader avec une prévision de 350 à 360 livraisons contre 320 pour Boeing. Mais les paris pris aujourd'hui vont avoir une incidence sur la hiérarchie des années à venir. Difficile de dire à l'heure actuelle qui en sortira gagnant. D'autant que les deux groupes eux-mêmes semblent un peu hésiter. Si Airbus a misé sur le transport de masse avec l'A380, il compte également concurrencer le B787 de Boeing avec son projet A350. Quant à l'Américain, bien qu'il mette en doute la viabilité économique du projet A380, il ne veut pas négliger le segment des très gros porteurs. Il projette de commercialiser une version allongée de son B747-400 pour contrer Airbus.
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