Les perspectives de Thales affectées par la faiblesse du dollar

Le groupe français d'électronique de défense Thales a enregistré en 2004 des résultats en ligne avec les attentes, mais ses perspectives pour 2005 sont nettement revues à la baisse: c'est ce qui ressort des chiffres publiés ce matin par le groupe. Victime notamment de la baisse du dollar et du retard pris par certaines grosses commandes, le groupe lance un nouveau plan destiné à accroître sa compétitivité.A l'origine, les perspectives de Thales pour la période 2005-2007 étaient claires: le chiffre d'affaires devait enregistrer une croissance de 5% pour chacune de ces trois années, le résultat d'exploitation devant croître pour sa part d'au moins 10% par an. Mais aujourd'hui, il n'est plus question de cela. Thales s'attend désormais pour 2005 à un chiffre d'affaires en "légère croissance, probablement inférieure à 5%", selon son directeur financier Ross McInnes. Quant au résultat d'exploitation, il devrait progresser "entre 2% et 5%, comme en 2004"...Pourquoi une telle révision à la baisse des perspectives? Tout simplement à cause du dollar, dont la faiblesse persistante nuit à la compétitivité du groupe sur les marchés internationaux. Les prévisions initiales de Thales étaient en effet basées sur un euro à 1,15 dollar, alors que la devise américaine se traite aujourd'hui à plus de 1,30 dollar pour un euro.Le groupe n'en maintient pas moins ses prévisions d'origine pour 2006 et 2007. Et pour être en mesure de les respecter, il met en place un nouveau "plan d'amélioration de la compétitivité". Destiné à réduire les coûts du groupe de défense, ce programme impliquera des charges de restructuration exceptionnelles de 200 millions d'euros en 2005 et 2006. Cette révision en baisse des perspectives du groupe risque de faire passer au second plan des résultats 2004 honorables. Le bénéfice net de Thales a en effet enregistré l'année dernière un bond de 77% pour s'établir à 198 millions d'euros, juste au dessus des 194 millions anticipés par le consensus Reuters. Le résultat d'exploitation, en hausse de 4,5% à 729 millions d'euros, a également fait un peu mieux que les 720 millions prévus.Des chiffres satisfaisants, donc, qui contrastent avec un chiffre d'affaires décevant, déjà annoncé, en recul de 3% l'année dernière à 10,29 milliards d'euros.Le groupe de défense français, qui est également le deuxième acteur du secteur sur le marché britannique, a souffert l'année dernière d'une importante chute de commandes. Celles-ci sont tombées à 9,35 milliards d'euros, contre 10,89 milliards en 2003. Une chute de 12%, qui s'explique notamment par le report à 2005 de plusieurs grands contrats d'armement, tels que le programme franco-italien de frégates multimissions (FREMM) et le programme britannique de drones Watchkeeper pour lequel Thales a été sélectionné. Mais tout cela n'est que partie remise, rassure Thales, qui prévoit en conséquence "une très forte croissance" des commandes en 2005.Reste que l'année en cours devrait également être celle de choix stratégiques pour le groupe, dans le cadre des grandes manoeuvres de restructuration de la défense européenne. Sérieusement envisagé ces derniers mois, le projet d'une reprise de Thales par EADS semble abandonné pour le moment, en raison de l'hostilité de DaimlerChrysler, actionnaire à 30% du groupe d'aéronautique et de défense. Mais la question des regroupements dans le secteur ne peut que se reposer, peut-être dans un premier temps pour les activités navales de Thales, qui pourraient se rapprocher des chantiers navals publics français DCN.S'exprimant vendredi matin dans le cadre d'une conférence téléphonique, Denis Ranque, PDG de Thales, a d'ailleurs réaffirmé sa volonté de jouer un rôle dans la réorganisation de l'industrie navale de défense en Europe. "Nous sommes bien placés pour restructurer ce secteur", a-t-il estimé, affirmant que Thales était le premier acteur dans ce domaine en Europe. Et les discussions pour une fusion des activités navales de Thales avec la DCN font "des progrès", a-t-il précisé. En revanche, Thales n'a pas de plan de fusion avec le groupe italien d'aéronautique et de défense Finmeccanica, a ajouté Denis Ranque. "Cette question est prématurée", a-t-il déclaré, tout en précisant que les deux groupes ont "beaucoup de points en commun", qu'ils ont déjà engagé "bon nombre de coopérations" et qu'ils ont l'intention de développer celles-ci. Le marché se montre déçu par les perspectives du groupe. Le titre perd 1,08% en fin de journée, à 32,20 euros.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.