Le Crédit Mutuel se voit couper l'herbe sous le pied. Le groupe bancaire, qui avait pris une participation de plus de 15% dans Galeries Lafayette en décembre dernier, cachait à peine ses ambitions vis-à-vis du distributeur. Or, ce matin, l'une des deux familles fondatrices du groupe, alliée à BNP Paribas, a lancé la contre-offensive."La famille Moulin, actionnaire historique du groupe à hauteur de 31,7%, et BNP Paribas ont décidé de mettre en oeuvre une nouvelle étape dans le partenariat entre les deux groupes", expliquent les sociétés dans un communiqué commun.Alors que le contrôle de Galeries Lafayette était exercé de concert par les familles Moulin et Meyer, actionnaires fondateurs, la famille Meyer a en effet décidé de se retirer du capital du groupe de distribution, au profit de BNP Paribas. La banque prendra ainsi les 29,5% détenus par la famille Meyer. "A la suite de la constitution de ce nouveau concert portant sur environ 60% du capital du groupe, la Semad (holding détenue majoritairement par la famille Moulin) a déposé un projet d'offre publique d'achat sur le reste du capital du groupe Galeries Lafayette au prix de 235 euros par action", précisent Semad et BNP Paribas dans un communiqué, qui ajoute que le financement de cette offre sera assuré par BNP Paribas.Cette offre représente une prime de 7,2% par rapport à la moyenne pondérée des cours sur un mois, au 24 mars, et une prime de 41,1% par rapport à la moyenne des cours sur un mois au 14 décembre, "veille de la déclaration de franchissement du seuil des 10% du capital du groupe par le Crédit Mutuel", précise Semad.Concrètement, l'opération se déroulera en trois étapes. Tout d'abord, Moulin et BNP Paribas apporteront leurs blocs de participation à Semad. Puis, le holding de la famille Moulin et BNP Paribas déposeront une offre publique d'achat sur le capital de Galeries Lafayette. Enfin, un pacte d'actionnaires sera établi entre Semad et BNP Paribas. "Il prévoira notamment les conditions de liquidité de la participation de BNP Paribas qui a vocation, à terme, à sortir du capital de la Semad", précise le communiqué.Pour la famille Moulin et BNP Paribas, l'OPA aura pour objet de mettre en oeuvre un "projet industriel" entre Galeries Lafayette et Cetelem, filiale de BNP Paribas dans le crédit à la consommation, passant par la mise en place d'un contrôle conjoint de Cofinoga, l'établissement de crédit de Galeries Lafayette."Dans le cadre d'une stratégie de répartition des rôles entre Cetelem et Cofinoga, ce dernier sera en particulier le seul fournisseur des enseignes du groupe Galeries Lafayette. Il sera le vecteur privilégié pour les partenariats dans les domaines de la banque et de l'assurance, ainsi que pour le développement en Europe du nord", précisent les deux groupes, qui comptent également réaliser des synergies de coûts et de revenus. D'après le directeur général de BNP Paribas, Baudouin Prot, Cofinoga bénéficiera de 400 millions d'euros de synergies (en cumulé) avec Cetelem. Par ailleurs, le co-président des Galeries Lafayette, Philippe Houzé, a déclaré qu'en cas de succès de l'OPA "nous devrons sans doute aller vers un retrait de la cote". Pour les analystes de Dexia, l'opération est positive, car elle "règle de facto l'ensemble des problèmes liés au contrôle du groupe. Les familles Moulin et Meyer se séparent, les ambitions du Crédit Mutuel (qui dispose de 15,6% du capital avec un prix d'entrée autour de 190 euros et réalise une plus-value de l'ordre de 100 millions d'euros) sont contrecarrées et surtout Cofinoga peut s'appuyer sur un partenariat fort avec BNP Paribas." "Les rumeurs de toutes natures devenaient telles que la famille Moulin, en concertation avec son partenaire historique dans Cofinoga, a décidé de passer à l'action de façon à préserver les principes qui lui sont chers: indépendance stratégique et autonomie opérationnelle", ajoutent les analystes de Fideuram-Wargny, qui estiment en outre que l'offre à 235 euros par action prouve que le titre Galeries Lafayette a été longtemps sous-valorisé.En tout état de cause, du côté du Crédit Mutuel, qui n'a pas commenté l'opération, la déception doit être de taille. D'autant que vendredi dernier encore (voir ci-contre), le PDG du groupe bancaire avait réitéré ses projets de partenariats avec Galeries Lafayette, à mettre en place dans un délai de 18 à 24 mois. Le Crédit Mutuel, qui n'avait pas détaillé son intérêt pour le groupe, semblait notamment porter son ambition sur Cofinoga et les actifs immobiliers du distributeur. Il se disait en outre prêt à monter jusqu'à 20% dans le capital de Galeries Lafayette. A présent, le groupe devrait, sauf coup de théâtre, se contenter d'une belle plus-value...Ce mardi, l'action Galeries Lafayette, qui avait clôturé à 230,80 euros jeudi soir à la veille du week-end de Pâques, est suspendue à la Bourse de Paris.

latribune.fr

19 Oct 2008, 20:42

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