Le crédit et l'assurance en ligne voient leur avenir en rose

Le phénomène est encore peu connu, mais il est pourtant bien réel: Internet révolutionne la distribution de produits financiers. Avec les taux d'intérêts bas et les problèmes de parc immobilier locatif dans l'Hexagone qui ont fait exploser les ventes de logements, les Français ont découvert avec le Net un nouveau moyen pour choisir leur crédit immobilier. Pour preuve, le nouveau marché libre de la Bourse de Paris, Alternext, a été inauguré par l'introduction de Meilleurtaux, spécialiste du crédit en ligne. Créée il y a cinq ans, la start-up devenue grande a vu son chiffre d'affaires bondir de 89% l'an passé pour atteindre 10,4 millions d'euros, pour un résultat d'exploitation supérieur à 745.000 euros et un résultat net de 483.000 euros. L'année précédente, le chiffre d'affaires avait déjà augmenté de 60%. Et ce n'est pas terminé: cette année, la société espère un chiffre d'affaires de 22 millions d'euros pour un résultat d'exploitation de 1,9 million d'euros.Même taux de croissance exponentiel pour Empruntis, le site édité par la société Panoranet qui vient de fêter son cinquième anniversaire et qui se qualifie de "courtier bancassurance". Après un chiffre d'affaires de 8,2 millions d'euros en 2004 (+141% en un an), la société table sur un doublement de ses ventes en 2005 à 15 millions d'euros. Quant à Assurland, jeune pousse d'à peu près le même âge, son revenu est passé d'environ 1 million d'euros en 2001 à 5,5 millions d'euros l'an passé.Trois positionnementsL'atout séduction de ces trois sociétés: permettre au particulier de comparer en même temps les offres de crédit à la consommation, d'immobilier et d'assurances auprès de plusieurs banques et assureurs. Une vraie révolution quand on pense que jusque là il fallait démarcher un à un les établissements financiers pour obtenir ce type d'information. Mais entre les trois sites, la comparaison s'arrête là. Car les trois sociétés ont choisi des positionnements bien différents.Assurland veut être un moteur de comparaison de produits d'assurance, "un point central donnant accès à l'ensemble du marché", explique Stanislas di Vittorio, qui a créé l'entreprise. Contrairement à Empruntis et à Meilleurtaux, Assurland ne se définit donc pas comme courtier, préférant agréger les informations fournies par les assureurs sans négocier et sans faire de favoritisme ni de sélection. Pour Assurland, être courtier c'est se couper d'une partie du marché, beaucoup d'établissements financiers refusant de travailler avec ces intermédiaires. "Nous nous rémunérons une fois le contrat conclu, mais la première année seulement", explique la société. Inconvénient du système: la société n'a pas de revenus récurrents et doit en permanence recruter de nouveaux clients.100% en lignePrise de position inverse pour Meilleurtaux et Empruntis qui pensent qu'en France, le courtage est amené à croître. "Le courtage traditionnel ne s'est pas développé car la mise en place d'une réseau de distribution en propre est très chère", témoigne Vincent Lemaire d'Empruntis, "Internet a fait sauter ce verrou". Pour être économe, la société a choisi un fonctionnement uniquement en ligne. Une fois que l'internaute a fait sa simulation de crédit sur le site, un conseiller clientèle rappelle le prospect pour affiner sa demande et choisir le bon produit dans la bonne banque. Puis, le dossier est envoyé dans l'établissement financier qui prend rendez-vous avec son client. La société se rémunère une fois l'affaire conclue à hauteur de 1% du prêt. Au départ, l'internaute se servait uniquement d'Empruntis comme outil d'information mais petit à petit il s'est mis à effectuer son opération de crédit directement sur le site. Les taux de transformation sont ainsi passés de 1% il y a quatre ans à entre 2,5 et 3% aujourd'hui. Pour convaincre ses clients de recourir à ses services, Empruntis assure n'avoir eu d'autre choix qu'aller négocier des taux intéressants en amont.Réseau d'agencesMême démarche chez Meilleurtaux, qui a poussé plus loin la logique en choisissant d'ouvrir son propre réseau d'agences physiques. Il en compte à ce jour 24 en France. Le fondateur et patron de Meilleurtaux, Christophe Cremer, estime essentiel d'être en mesure de recevoir de visu les clients. "Le rapport d'expertise entre un conseiller téléphonique et le conseiller en agence, qui monte entièrement le dossier, est de 1 à 5. L'expert en agence, plus proche des banques, obtiendra de meilleures conditions que sur Internet", explique-t-il. Et de vanter les avantages de son réseau spécialisé. "Les banques ont de plus en plus de conseillers généralistes, qui ont en moyenne 80 produits en gestion et ne font pas tous les jours du crédit immobilier". De fait, les agences connaissent le succès: sur la totalité du chiffre d'affaires, un quart est réalisé sur le site, la moitié provient de clients du site qui finalisent l'opération en agence, et le dernier quart est issu de clients purement agences. Pour amortir ce réseau et atteindre les "12 à 15% de rentabilité visés en rythme de croisière", impossible de miser uniquement sur le crédit immobilier. La société propose aussi des produits d'assurance (habitation, voiture, invalidité, vieillesse) et des produits immobiliers type de Robien, qui devraient générer entre 5 et 10% de son chiffre d'affaires 2005.DiversificationPartis du crédit immobilier, Empruntis et Meilleurtaux misent maintenant sur la diversification de l'offre. "Cette part du revenu devrait peser entre 25 et 30% du chiffre d'affaires total attendu en 2007 à 50 millions d'euros", indique Christophe Cremer. "Nous parions beaucoup sur des produits d'avenir comme la défiscalisation, la restructuration de dette, l'assurance vie", explique de son coté Vincent Lemaire. Ce dernier estime que sur les 100 milliards d'euros générés par le crédit immobilier l'an passé, entre 10 et 12 milliards d'euros ont été réalisés par des courtiers. Entre 25 et 30% de cette manne provient d'Internet, c'est-à-dire entre 2,5 et 3,6 milliards d'euros, que les transactions aient été entièrement réalisées sur le Net ou finalisées en agence. Pour l'avenir, le PDG mise non seulement sur l'augmentation de la part d'Internet mais aussi sur le développement du courtage en général dans le crédit immobilier, un phénomène qui devrait s'étendre à l'ensemble des produits financiers. "Les particuliers réclament un conseil pointu, de choix de prix et de conseil comme c'est le cas dans un magasin", explique-t-il. Pour l'instant, le courtage ne représente que 10% du marché contre 50% aux Etats-Unis. Vincent Lemaire estime que cette part pourrait atteindre 35% d'ici dix ans.
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