Les deux prétendants du LSE avancent pas à pas

S'il existe des OPA éclair, annoncées à la surprise générale et prenant le marché de court, on ne peut pas en dire autant de celle qui se trame sur le London Stock Exchange (LSE). C'est à la mi-décembre que Deutsche Börse a fait part de son vif intérêt pour la Bourse de Londres. Mais depuis, alors que des discussions parallèles ont été menées par les Britanniques avec Euronext et Deutsche Börse, aucune offre officielle n'a été déposée sur le LSE.Aujourd'hui encore, les protagonistes semblent tergiverser, aucun des deux prédateurs n'ayant visiblement envie de se dévoiler trop tôt. En réponse à une annonce faite un peu plus tôt par Deutsche Börse, Euronext a ainsi précisé dans l'après-midi que les discussions se poursuivaient avec le LSE et qu'il allait "procéder de manière imminente à un dépôt auprès de l'Office of Fair Trading [l'autorité de concurrence britannique], relatif à son offre éventuelle". Bref, Euronext avance ses pions mais rien n'est encore décidé et l'opérateur souligne bien qu'"aucune assurance ne peut être donnée qu'une quelconque offre sera faite".Un peu plus tôt dans la journée, Deutsche Börse ne s'était guère montré plus décidé à dégainer le premier. S'il a précisé jeudi matin les détails de son offre, celle-ci est toujours informelle. Sur la question du prix, l'Allemand est notamment resté très évasif. Le LSE avait jugé insuffisante la première offre à 530 pence par action. Deutsche Börse s'est contenté de dire qu'il versera "au moins 530 pence" par action. Le LSE sera donc valorisé au minimum à 1,35 milliard de livres (2 milliards d'euros). Néanmoins, il est difficile de savoir jusqu'où est prêt à monter Deutsche Börse.S'il n'écarte pas l'hypothèse d'une offre hostile, le groupe allemand préfèrerait convaincre sa cible et obtenir le feu vert inconditionnel du conseil d'administration du LSE. Mais, comme en décembre, le LSE a de nouveau rejeté l'offre, indiquant même ne pas exclure une fusion avec une autre Bourse.A côté du prix, les considérations stratégiques auront indéniablement leur importance. Si pour de nombreux observateurs, une fusion Euronext-LSE paraît plus propice aux synergies, Deutsche Börse cherche également à promouvoir les avantages de sa candidature. Dans sa proposition, la patronne actuelle du LSE, Clara Furse, obtiendrait la direction des marchés au comptant. Quant aux coûts de restructuration, ils ne devraient pas dépasser les 100 millions d'euros.Deutsche Börse fait aussi valoir l'intérêt d'une fusion pour les clients. Le marché allemand affirme que les tarifs des échanges électroniques pourraient baisser de 10% en 2006 et que les frais de règlement-compensation devraient diminuer de 50%.Quel que soit l'acquéreur, c'est en tout cas le LSE qui devrait être le grand gagnant de ce jeu de poker menteur, où chacun paraît attendre que l'autre abatte ses cartes. Plusieurs spécialistes estiment qu'au bout du compte c'est un prix de 600 pence par action qui pourrait être proposé. A ce niveau, le LSE serait une affaire coûteuse. Certes, celui qui l'emportera occupera une place centrale sur le marché boursier européen. Encore faut-il éviter de surpayer une telle acquisition.
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