Renault a enregistré comme prévu une excellente année 2004, mais l'exercice en cours s'annonce plus délicat: c'est ce qui ressort des annonces effectuées ce matin par le constructeur automobile français. Si le groupe de Louis Schweitzer, qui présentait les résultats pour la dernière fois avant d'être remplacé par Carlos Ghosn, l'actuel patron de Nissan, a profité l'année dernière de ses bonnes performances commerciales et d'une très forte contribution de sa filiale japonaise, les comptes 2005 seront en revanche affectés par la hausse du coût des matières premières.Le constructeur automobile français a enregistré l'année dernière un bénéfice net de 3,55 milliards d'euros, en hausse de 43% par rapport aux 2,48 milliards de 2003. Constituant un record historique pour le groupe, ce résultat est encore supérieur aux attentes des analystes qui tablaient, selon le consensus établi par Reuters, sur un bénéfice net de 3,36 milliards d'euros.Présentant ces chiffres, Louis Schweitzer a affirmé qu'ils positionnent Renault comme "le meilleur généraliste européen, ce qui est important pour l'équilibre de l'alliance avec Nissan". Selon lui, cette augmentation des bénéfices provient en particulier de progrès dans la qualité, d'un rajeunissement de la gamme et d'une internationalisation accrue. De fait, Renault a enregistré de bonnes performances commerciales l'année dernière, avec une progression de 4,2% du nombre de voitures vendues, à 2,48 millions de véhicules. Le chiffre d'affaires s'est établi à 40,7 milliards d'euros, en hausse de 8,4% sur un an, profitant notamment du succès de la gamme des Megane.Il n'en demeure pas moins que la plus grosse partie du résultat net du groupe vient de la contribution de sa filiale japonaise à 44,4% Nissan: celle-ci a versé 2,2 milliards d'euros à Renault.Au niveau opérationnel, le résultat de Renault s'est établi à 2,15 milliards, ce qui représente certes un bond de 74% par rapport à 2003, mais ne correspond pas aux attentes des analystes: le consensus Reuters anticipait un résultat opérationnel de 2,27 milliards d'euros.La marge opérationnelle du constructeur a progressé de 2,2 points à 5,9% en 2004, contre 3,7% en 2003. Ce qui est supérieur aux prévisions de Renault, qui avait tablé lors de la publication de ses résultats semestriels fin juillet sur une marge de 5,5%. Si Louis Schweitzer termine donc son mandat sur des performances record à tous points de vue, la tâche de son successeur Carlos Ghosn ne sera pas forcément pour autant une partie de plaisir. Car Renault aborde 2005 avec une prudence marquée. Le groupe prévient en effet que sa marge opérationnelle s'établira cette année au-dessus de 4% du chiffre d'affaires selon les nouvelles normes comptables IFRS, contre 5,15% en 2004 (selon ces mêmes normes). Une baisse sensible est donc attendue, qui s'explique, selon le président sortant du groupe, par le fait que "2005 est marquée par un passage de relais (avec Carlos Ghosn) et par un durcissement de l'environnement". Un "durcissement" qui tient à la flambée des coûts des matières premières (acier, etc...). Renault évalue le coût supplémentaire lié à cette hausse entre 150 et 200 millions d'euros. Et ces coûts ne pourront pas forcément être répercutés sur les clients finaux.Car le marché automobile ne devrait pas être euphorique cette année. Renault prévoit une demande stable en Europe et en légère progression dans ses autres pays d'implantation, Turquie exceptée. En France, le marché devrait croître de 2%, après le léger repli de 2004. Le groupe compte malgré tout bénéficier en 2005 de la poursuite du renouvellement de sa gamme, avec la montée en régime des ventes du mini-monospace Modus et le renouvellement de la Clio au second semestre, et d'une compétitivité accrue grâce aux coopérations avec Nissan.Après avoir affiché un léger repli en début de journée, le titre progresse de 2,66% à la clôture, pour atteindre 65,70 euros.

latribune.fr

19 Oct 2008, 20:37

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