"On peut espérer que les mauvaises nouvelles dans l'agroalimentaire sont déjà dans les cours"

latribune.fr- Après le décrochage du secteur agroalimentaire l'an dernier, où en sommes-nous aujourd'hui?Sylvain Massot.- Le secteur avait été fortement pénalisé l'an dernier, à partir d'août 2004, par la hausse du prix des matières premières et une forte pression concurrentielle. Ainsi, les sociétés n'avaient pas réussi à répercuter durablement la hausse des coûts de l'énergie dans leurs prix et certaines ont dû augmenter leurs investissements en marketing pour faire face à la concurrence. Ces deux facteurs ont pesé sur les marges.Aujourd'hui, on assiste à une stabilisation des marges dans le secteur agroalimentaire. Mais le problème du prix du pétrole est toujours présent. En outre, les volumes sont en faible croissance et baissent même en Europe, en raison d'une consommation morose (voir ci-contre). Cela continue de peser sur les marges des groupes du secteur.Si le contexte reste difficile, comment expliquer que les actions du secteur se reprennent?Ce qui compte pour le marché et les analystes, c'est de voir si les anticipations de résultats et de marges sont conformes à la réalité des sociétés. Or, les analystes financiers ont fortement réduit leurs estimations de rentabilité du secteur pour l'ensemble de l'année. Du coup, on peut espérer que les mauvaises nouvelles sont déjà dans les cours. Les bases de comparaison seront aussi plus favorables au second semestre, après un deuxième trimestre 2005 qui restera difficile. Ainsi, Danone a laissé entendre que ses marges du premier semestre 2005 pourraient être inférieures à celles de l'année précédente. En revanche, le groupe attend un redressement au deuxième semestre et donc une marge annuelle supérieure à celle de 2005.Les restructurations sont-elles encore nécessaires dans ce contexte de pression ?Les groupes procèdent continuellement à des restructurations. Il reste encore beaucoup d'économies à réaliser pour les sociétés. Pour certains groupes, comme Nestlé, les restructurations permettront d'abaisser les prix pour accélérer la croissance en volume, ce sans attendre une conjoncture plus favorable. C'est d'autant plus important pour les groupes de poursuivre leurs plans de restructuration que la consommation en Europe n'est probablement pas près de se redresser.Quel groupe tire le mieux son épingle du jeu aujourd'hui?Nestlé dispose d'un programme d'économies important et la répartition géographique de son chiffre d'affaires lui permet de contrebalancer les problèmes en Europe avec la forte croissance dans le reste du monde. Le groupe suisse profite aussi à plein de la remonté du dollar compte tenu d'une profitabilité et d'une croissance très supérieures de ses activités en dehors d'Europe. Il avait été à l'inverse très pénalisé par la chute du billet vert. De plus, Nestlé affiche une valorisation attrayante par rapport à ses concurrents.En revanche, Danone risque de souffrir encore de la hausse du prix du pétrole, en raison de sa forte dépendance au coût des bouteilles en plastique, due a l'importance de son activité boisson. Le groupe est également très pénalisé par son exposition au marché français, qui est à la peine.
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