Le directeur général démissionnaire d'Eurotunnel en vise la présidence

L'affaire tourne à la guerre ouverte entre le président d'Eurotunnel Jacques Gounon et son ex-directeur général Jean-Louis Raymond: ce dernier, qui a démissionné vendredi dernier de ses fonctions, en signe de profond désaccord avec son président, a annoncé aujourd'hui qu'il sera candidat à la présidence de l'exploitant du tunnel sous la Manche lors de l'assemblé générale de vendredi prochain.En fin de semaine dernière, pour expliquer son départ brutal de la direction générale du groupe, Jean-Louis Raymond avait mis en cause les "méthodes" de son président et les désaccords qui les opposent (voir ci-contre). Aujourd'hui, il franchit donc un pas de plus dans l'affrontement direct, en annonçant "sa candidature à la présidence du conseil d'administration d'Eurotunnel à l'issue de l'AG des actionnaires qui doit se tenir le vendredi 17 juin à Coquelles".Les fonctions de Jean-Louis Raymond en tant que responsable opérationnel du groupe prennent fin aujourd'hui, et un conseil d'administration d'Eurotunnel doit se tenir ce même jour pour lui choisir un remplaçant. Remplaçant qui pourrait bien être... Jacques Gounon, qui cumulerait ainsi la présidence et la direction générale.Ce conseil d'administration s'annonçait d'ailleurs animé, puisqu'y figurent deux ennemis intimes du président: Jean-Louis Raymond lui-même, qui en est toujours membre, et Hervé Huas, ex-directeur général délégué, qui a lui aussi quitté son poste début avril tout en restant au conseil. Jacques Gounon, autrement dit, doit affronter en direct ses deux anciens responsables exécutifs, qu'il a écartés tous les deux et dont l'un d'entre eux vise désormais sa place.Au delà de la réunion du conseil d'administration d'aujourd'hui, c'est l'assemblée générale de vendredi qui s'annonce déterminante pour l'avenir du groupe. Un an après le putsch du 7 avril 2004, qui avait vu la direction en place renversée par une coalition d'actionnaires menée par l'éditeur de presse financière Nicolas Miguet, Eurotunnel pourrait revivre une assemblée aussi agitée.La coalition de l'époque a volé en éclats, et Nicolas Miguet menace la direction en place comme il s'en était pris à la précédente. Le président nommé voici un an, Jacques Maillot, a depuis renoncé, laissant la place à Jacques Gounon qui présente la particularité d'avoir été coopté par le conseil d'administration sans que les actionnaires aient encore eu l'occasion de le confirmer dans ses fonctions.Ce sera bien là l'enjeu de vendredi: confirmer - ou non - le nouvel homme fort du groupe. Les anciens alliés de l'année dernière, rassemblés autour de Jean-Louis Raymond, entendent bien empêcher la prise de pouvoir par Jacques Gounon. Et pour ce faire, ils s'en prendront au plan de redressement d'Eurotunnel élaboré par l'actuel président. Le directeur général démissionnaire entend ainsi présenter aux actionnaires "un programme et une équipe pour sortir l'entreprise de l'ornière dans laquelle elle se trouve".L'assemblée de vendredi s'annonce donc des plus incertaines, et avec elle le sort d'une entreprise qui croule sous une dette de neuf milliards d'euros.
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