Marionnaud : l'AMF a ouvert une procédure de sanctions

Après le calme, la tempête. Bousculé par une scandale comptable en 2004, Marionnaud n'avait plus fait parler de lui depuis de nombreux mois, à la suite de son rachat par le géant chinois des cosmétiques, AS Watson.Mais un rapport de l'Autorité des marchés financiers (AMF) dévoilé aujourd'hui par Les Echos vient relancer le débat. Il met en avant le fait que le distributeur de parfums a donné à ses actionnaires des informations "fausses et trompeuses" sur les années 2002 et 2003.Le rapport révèle notamment que Marionnaud tenait une sorte de double comptabilité, visant à gonfler les comptes officiels. De même, selon le rapport de l'AMF, le groupe aurait volontairement enregistré des marges arrières à de mauvaises dates pour les faire glisser d'une année sur l'autre. Face à ces accusations, l'Autorité des marchés financiers a annoncé qu'elle avait ouvert une procédure de sanctions. "Nous confirmons l'ouverture d'une procédure de sanctions contre plusieurs personnes suite à l'enquête" qui a été menée depuis plusieurs mois sur les comptes du distributeur de parfums et qui avait été demandée par l'Association de défense des actionnaires minoritaires, l'Adam, (voir ci-contre), a confirmé l'AMF, cité par l'AFP. L'Adam avait en effet fait la requête d'une étude approfondie de la situation des comptes de Marionnaud après une série de report de publications et l'annonce par le groupe "d'erreurs comptables". Le rapport pourrait être suivi d'une démarche judiciaire par l'association.Chez Deminor, cabinet spécialisé dans la défense des actionnaires individuels, on se dit "peu surpris" par les révélations de l'AMF sur les comptes flous de Marionnaud. "Nous savions, par nos sources, qu'une double comptabilité avait cours chez Marionnaud", confirme à latribune.fr Fabrice Rémon, responsable en France du cabinet de défense des actionnaires. "Nous attendions une confirmation de ces informations", ajoute-t-il.Fabrice Rémon relève par ailleurs un point positif de l'affaire: "Marionnaud devra continuer de donner des informations sur ses comptes, malgré son rachat par le Chinois AS Watson". De quoi permettre aux actionnaires qui ont engagé des procédures au civil de demander réparation des préjudices subis."Nous avons conseillé à nos clients - anciens actionnaires de Marionnaud - de faire des procédures au civil, plutôt qu'au pénal", insiste Fabrice Rémon, qui plaide pour un dédommagement rapide des actionnaires. Mais il est encore trop tôt, selon le directeur de Deminor, pour déterminer le montant des dédommagements, les préjudices subis étant différents selon les cas individuels.Concernant la responsabilité de KPMG, cabinet d'audit de Marionnaud, Deminor attend d'avoir tous les éléments de l'enquête sur la qualité de son travail avant d'éventuellement encourager ses clients à lancer des procédures de réparation.Les Océanes de Marionnaud restent sur le marchéRacheté par AS Watson, Marionnaud est prêt à quitter la cote, le groupe faisant l'objet d'une offre publique de retrait qui sera suivie d'un retrait obligatoire. Si l'offre publique de retrait concerne tant les actions que les Océanes de Marionnaud, le retrait obligatoire ne concernera pour sa part que les actions. L'AMF a bloqué le processus de retrait obligatoire sur les Océanes, arguant que cette opération lui paraît "contestable". En effet, l'AMF a relevé que les 49,6% des Océanes en circulation représentent potentiellement 7,5% du capital dilué de Marionnaud Parfumeries. Ce capital potentiel n'étant pas détenu par AS Watson. Or, pour pouvoir lancer un retrait obligatoire, l'acquéreur doit détenir plus de 95% des titres... Outre le fait que cette situation peut permettre aux détenteurs d'Océanes de garder leurs titres, il oblige surtout le groupe à continuer de publier des informations financières et à rendre des comptes aux petits porteurs...
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