Avec l'envolée des cours du brut des derniers mois, les compagnies pétrolières avaient la vie belle. Elles pouvaient vendre l'or noir à meilleur prix, et par là même engranger des bénéfices substantiels. Mais tout a une fin, sans doute. Face à la grogne des consommateurs américains, certains élus ont décidé de réagir. Même si cela implique qu'ils pourraient à l'avenir recevoir moins de contributions politiques de la part des compagnies pétrolières, fort généreuses en la matière. De fait, la commission des finances du Sénat vient de proposer un texte, qui n'a pas, évidemment, encore force de loi, mais qui vise, de façon indirecte, à imposer les bénéfices des sociétés productrices. Jusqu'à présent en effet, celles-ci bénéficiaient d'un tour de passe-passe. Elles comptabilisaient leurs inventaires, autrement dit, leurs ressources pétrolières, dans la colonne "coûts", puisqu'elles devaient payer pour extraire et stocker le pétrole. Avec un prix indexé sur les cours du marché. Bref, quand les cours montent, leurs coûts augmentent, faisant par là même diminuer leurs bénéfices. C'est donc autant de moins à déclarer au fisc américain. Mais les choses pourraient bientôt changer. Le nouveau texte, qui sera étudié par l'ensemble du Sénat, ferait évoluer la façon dont les compagnies pétrolières effectuent ces calculs, libérant par là même plus de bénéfices imposables. Déjà, pourtant, les grandes compagnies pétrolières américaines ont affiché des profits record. Ainsi, alors que les sept plus grandes compagnies avaient affiché des revenus nets totaux de 50,8 milliards de dollars l'an dernier, elles devraient, pour 2005, enregistrer quelque 69,2 milliards de dollars. Ou même plus, puisque cinq d'entre elles ont affiché un total de 33 milliards de profits sur le seul troisième trimestre. Pour 2006, les estimations préliminaires se situent à 75 milliards de dollars de revenus nets. Si le texte de la commission des finances du Sénat est bien adopté à l'avenir par l'ensemble des élus au Congrès (ce qui reste à voir, puisque certains estiment que le procédé est contre productif, et découragerait les compagnies de consentir des investissements en matière d'infrastructure et d'exploration), le fisc américain pourrait récupérer environ cinq milliards de dollars supplémentaires sur les bénéfices des sociétés pétrolières. De quoi alimenter les caisses de l'Etat. Qui en aura bien besoin, puisque certains élus proposent aussi d'offrir des cadeaux fiscaux dans d'autres domaines et qui s'élèveraient à quelque 60 milliards de dollars de manque à gagner pour le fisc. A cet égard, les parlementaires des deux Chambres sont divisés. Certains veulent ainsi proroger de deux ans les réductions d'impôts déjà consenties sur les dividendes, mais rejeter des avantages fiscaux proposés pour aider à la reconstruction des zones touchées par les récents ouragans. Tandis que d'autres veulent exactement le contraire...

latribune.fr

19 Oct 2008, 20:07

Partager :