Saft se met à dos les petits actionnaires. L'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam) a demandé à l'Autorité des marchés financiers (AMF) d'ouvrir une enquête sur l'introduction en Bourse de Saft. L'Adam requiert de l'AMF qu'elle enquête sur "l'information donnée au marché à l'occasion de l'introduction de Saft", selon sa présidente Colette Neuville. Le fabricant de batteries industrielles était entré en Bourse le 30 juin dernier à Paris (voir ci-contre).L'objet de cette requête remonte au mois de novembre. Fraîchement introduit en Bourse, Saft annonce le 10 novembre dernier que ses ventes de batteries pour l'armée américaine baisseront de 63% en 2006. Saft évalue cette perte d'activité à 35 millions d'euros (voir ci-contre) sur son chiffre d'affaires. A l'annonce de cet avertissement, le titre avait alors dégringolé de près de 30% en Bourse. Depuis, le cours a peu progressé et l'action Saft cote toujours en dessous de son prix d'introduction, soit 19 euros contre 26 euros à l'origine.D'après l'Adam, cette révision faite en novembre par Saft "n'était pas "cohérente avec les informations précédemment données au marché sur ce risque". Selon Colette Neuville, le fabricant de batteries avait fait état, dans son document de base relatif à l'introduction en Bourse, d'une possible baisse des commandes de l'armée américaine pour 2005 et 2006.Dans le document de référence, ce risque avait été évalué à une perte de chiffre d'affaires de 10 millions d'euros pour 2005 et 5 millions d'euros pour 2006. Or, l'alerte sur les ventes lancée par Saft en novembre était évalué à 35 millions d'euros..."La valeur d'entreprise de Saft se fondait sur des perspectives commerciales qui sont maintenant remises en cause. Il faut donc une enquête pour voir sur quelle base on a introduit cette société en Bourse", a jugé Collette Neuville dans sa lettre envoyée à l'AMF. Saft avait été vendue en janvier 2004 par Alcatel au fonds britannique Doughty Hanson pour 390 millions d'euros. En juin 2005, le fonds l'avait introduit en Bourse.Le titre a clôturé en chute de 5,70% à 18,87 euros à la Bourse de Paris.Saft va supprimer près de 100 emploisSaft envisage de supprimer 98 postes dans son usine de Nersac (Charente). La société justifie cette décision par la forte concurrence des producteurs installés en asie et particulièrement en Chine. La forte hausse du coût de smatières premières a également été évoquée par Saft. Un comité central d'entreprise s'est tenu mardi et un comité d'établissement a eu lieu à Nersac jeudi pour présenter "un projet de plan de sauvegarde de l'emploi". La suppression de postes concerne la division batteries rechargeables. "Saft entend éviter au maximum les licenciements et va privilégier toutes les possibilités de reclassement interne dans les autres sites du groupe, principalement à Bordeaux et à Poitiers", assure la direction.