Gilles Pélisson doit imposer son style et remettre de l'ordre chez Accor

C'est une arrivée mouvementée... Gilles Pélisson a été choisi lundi dernier comme successeur de Jean-Marc Espalioux à la tête du groupe hôtelier Accor. Dix ans après avoir quitté le groupe, il retrouve une maison dans laquelle il avait passé douze années. Son arrivée à la présidence d'Accor ne se sera pas faite sans turbulences après la fronde des banquiers actionnaires la semaine passée (voir ci-contre).Face à la crise de gouvernance que le groupe a subi, Gilles Pélisson devra rapidement imposer son autorité. D'autant plus qu'il arrive avec un nom, et pas des moindres, celui de son oncle Gérard, co-fondateur du groupe avec Paul Dubrule. Cette filiation est un poids supplémentaire à assumer pour Gilles Pélisson. D'autant plus que son arrivée chez Accor a été fortement poussée par son oncle et son compère Paul Dubrule. Cela a même été à l'origine du conflit de gouvernance avec les trois institutions financières BNP Paribas, Société Générale et Caisse des Dépôts.Mais ce poste de président d'Accor est aussi une consécration pour l'actuel président de Bouygues Télécom. A 48 ans - il est né en mai 1957 - il prend les rênes d'un de plus grands groupes du CAC 40. Qui plus est, Accor est amené à se développer massivement dans les mois et les années à venir, notamment grâce à l'arrivée dans son capital du fonds d'investissements Colony (voir ci-contre).La présidence d'Accor va donner à Gilles Pélisson l'occasion de sortir de l'ombre. Après des études à l'Essec puis à Harvard, il rejoint déjà, en 1983, le groupe Accor. Il prendra la vice-présidence de la zone Asie-Pacifique six ans plus tard. En 1991, il prend les commandes de Novotel après un passage de trois ans dans une autre filiale d'Accor, les restaurants Courtepaille. Entre 1995 et 2000, Gilles Pélisson tente l'aventure chez Eurodisney, où il rejoint son ancien formateur Philippe Bourguignon qu'il a connu chez Novotel.L'aventure télécomsArrive alors la deuxième phase de sa carrière. Gérard Mestrallet, le patron de Suez, lui confie la lourde tâche de porter la candidature du groupe pour l'acquisition de la licence mobile UMTS. Mais l'éclatement de la bulle télécoms oblige Suez à jeter l'éponge et Gilles Pélisson à ronger son frein. Sa carrière s'enlise chez Noos, alors filiale de Suez, où la réussite n'est pas au rendez-vous.C'est alors que Patrick Lelay, président de TF1, va relancer sa carrière, en 2001. Il propose Gilles Pélisson comme successeur de Patrick Leleu à la tête de Bouygues Télécom, ce que Martin Bouygues accepte. Mais si le management de TF1 garde une forte indépendance vis-à-vis de Bouygues, ce n'est pas le cas de la filiale mobile. Martin Bouygues porte une affection toute particulière à Bouygues Télécom, qu'il a entièrement créé, et Gilles Pélisson n'y a pas les pleins pouvoirs. "Le vrai patron chez Bouygues Télécom, c'est Martin Bouygues", dit-on même dans l'entourage du groupe.Son accession à la tête d'Accor est donc l'occasion rêvée d'avoir enfin le pouvoir total dans une entreprise. Mais cette nouvelle aventure n'est pas sans risque. D'abord, il devra calmer les esprits entre les différents actionnaires. Ensuite, tout en mettant en place la nouvelle stratégie d'Accor initiée par l'arrivé de Colony, Gilles Pélisson devra s'assurer de préserver ses marges de manoeuvre. En effet, l'entrée de Colony dans le capital d'Accor a soulevé des interrogations quant aux pouvoirs donnés au fonds d'investissement. Mais Gilles Pélisson devra aussi nettement se détacher de l'influence de son oncle, co-fondateur du groupe. La réputation de Gérard Pélisson, ainsi que de Paul Dubrule, est de n'avoir jamais su "couper le cordon" et passer la main. La tâche risque de ne pas être facile pour son neveu Gilles à la tête d'Accor. En plus d'avoir déjà un nom, Gilles Pélisson devra se créer un prénom et faire oublier celui de son oncle.
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