Jean-Marc Espalioux, une réussite trop discrète

Après huit ans de bons et loyaux services à la tête du premier groupe hôtelier de France, Jean-Marc Espalioux quitte le navire la tête haute. Le groupe hôtelier a bien négocié la crise économique, et donc touristique, qu'il a subie après les attentats du 11 septembre. Mais désireux de donner une nouvelle impulsion au groupe, les actionnaires reprochent à Jean-Marc Espalioux sa discrétion et son image trop terne qui n'ont pas séduit les marchés. Jean-Marc Espalioux est un personnage "mesuré, posé et qui a beaucoup de retenue", confie Charles Milhaud, le président des Caisses d'Epargne, à la tribune.fr, il est un "honnête homme dans le sens noble du terme", ajoute-t-il. Sa carrière chez Accor s'est déroulée sans éclat. Et c'est apparemment ce qui pose aujourd'hui problème aux deux co-fondateurs et actionnaires du groupe. Jean-Marc Espalioux n'est pas assez communiquant envers les marchés financiers, et le cours de Bourse d'Accor n'a jamais réellement décollé depuis son arrivée. Malgré son manque de "punch" affiché, Jean-Marc Espalioux est gratifié d'être un homme travailleur. "Il a toujours des réflexions constructives et judicieuses, comme il le montre en tant que censeur du conseil de surveillance de la Caisse Nationale des Caisses d'Epargne", affirme le président de l'Ecureuil.Son côté plutôt réservé, il semble le devoir au milieu modeste d'où il vient. Né à Auxerre, il passe toute son enfance au Sénégal avant de retourner en France. Il se lance ensuite dans de longues études qui l'amèneront jusqu'à l'Ecole Nationale d'Administration (ENA) en passant par Sciences-Po Paris. Là, il fréquente les futurs hauts dirigeants et hauts fonctionnaires dont il aimera se démarquer plus tard. Ensuite, il suit le parcours classique des meilleurs éléments de l'ENA en passant six ans, de 1978 à 1984, à l'inspection des Finances.Arrive ensuite la reconversion vers le privé. Jean-Marc Espalioux va alors connaître une ascension rapide. Il entre à la Compagnie Générale des Eaux en 1984 pour en devenir directeur financier en 1987, à 35 ans. Pressenti comme un successeur potentiel de Guy Dejouany à la tête de la Générale, il se fait doubler par Jean-Marie Messier, très en vue à l'époque. Là encore, la discrétion de Jean-Marc Espalioux semble lui faire défaut. Trop discret, il ne se montre pas assez. Pas de dîner mondain parisien ni de clubs de réflexion, le président d'Accor préfère garder ses distances avec les milieux d'affaires.Après neuf années de présence au conseil d'administration d'Accor, il est choisi en 1997 - à la surprise générale - par Paul Dubrule et Gérard Pélisson, les co-fondateurs, pour prendre les rênes du groupe hôtelier. Huit ans plus tard, il redonne à Accor un second souffle en invitant dans le capital du groupe le fonds Colony, qui investit un milliard d'euros pour relancer l'activité. Toutefois, l'arrivée du fonds va accélérer le changement de politique du groupe dont Jean-Marc Espalioux patit aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, Accor amorce aujourd'hui un nouveau départ (voir ci-contre) et Jean-Marc Espalioux peut avoir le sentiment du travail bien fait.
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