"2005 est une année un peu perdue pour le secteur automobile"

latribune.fr - Les premiers chiffres de ventes d'automobiles en Europe sont contrastés entre le bond en avant de la France et le recul de l'Italie. Quelle est la tendance pour 2005?Philippe Houchois - Les chiffres français ont effectivement été bons. Mais il faut prendre en compte "l'anomalie" due à Renault dont les immatriculations ont bondi de 17,5% le mois dernier. Le groupe a bénéficié d'un effet de rattrapage après une fin d'année plutôt faible. Si l'on exclut cette "anomalie", le marché est resté stable. Pour ce qui est de l'Europe, je vois un marché en baisse de 1% en 2005, autour de 14 millions d'unités, peut-être un peu plus si les constructeurs se montrent plus agressifs en termes de prix.L'année 2004 a été celle des Coréens. Vont-ils poursuivre sur leur lancée en 2005 ?Ils ont gagné environ 1 point de part de marché l'an dernier, même si au quatrième trimestre ils n'ont plus progressé en raison de la pression qu'a exercée Volkswagen sur les prix. Ces groupes asiatiques sont venus sur le marché européen avec l'intention de s'installer de façon durable. Ils devraient continuer à prendre des parts de marché à un rythme toutefois moins soutenu que par le passé.Les pratiques commerciales agressives, qui ont soutenu le marché depuis plusieurs mois, ne risquent-elles pas à terme de peser sur les marges ?C'est évidemment toujours le débat dans le secteur. Mais il y a dans l'automobile des coûts fixes importants et les constructeurs ont naturellement la tentation de chercher à augmenter leurs volumes. Volkswagen est à cet égard un cas particulier avec sa très lourde structure de coûts fixes. Quels vont être les enjeux de l'année pour les constructeurs ?Il n'y a pas de grosse entrée prévue sur le segment des compactes (le plus volumineux en Europe) et sur le segment inférieur (B) les renouvellements ne sont attendus qu'en fin d'année (notamment avec la Clio). Le créneau des petites voitures va en revanche être plus animé. Ces dernières années, le segment était occupé à 40% par Renault (Twingo) et à 40% par Fiat. Aujourd'hui, ce segment intéresse de plus en plus de monde et les Coréens y ont pris des parts de marché. C'est un segment qui va se développer avec des acteurs comme Peugeot et Toyota. Le créneau des berlines familiales (D) va aussi connaître une étape importante avec le lancement de la nouvelle Volkswagen Passat.Volkswagen joue-t-il gros alors que le lancement de la Golf a déjà été poussif ?La Passat, qui est le deuxième véhicule le plus vendu du groupe, a le désavantage d'être positionnée sur un segment qui stagne à cause de la concurrence des monospaces et des premiers prix du segment supérieur. Cependant, Volkswagen a compris qu'il lui fallait plus de volume. Visiblement, la stratégie du groupe est de lancer un véhicule moins typé haut de gamme que le précédent pour élargir sa base de clientèle. De surcroît, le retard lié à ce lancement (fin du premier trimestre 2005 au lieu de fin 2004) est déjà intégré.Fiat vient d'échouer à s'entendre avec General Motors. Comment voyez-vous son avenir?Fiat Auto a besoin d'aide et GM reste le candidat idéal. Fiat n'a aujourd'hui plus le choix, les dirigeants savent qu'ils doivent impérativement s'adosser à un autre groupe et ils exploreront à notre avis toutes les options pour se désengager de l'automobile, y compris le "put". Les actionnaires de Fiat ont bien compris que restaurer la valeur de Fiat passe par un retrait du secteur automobile.Peut-on espérer de belles performances en Bourse cette année dans le secteur ?2005 est une année un peu perdue pour le secteur automobile. Entre le manque de volume, la déflation, le coût des matières premières et l'impact des devises, il est difficile d'espérer une progression des résultats et donc une forte hausse du secteur en Bourse. Reste que cette industrie se trouvant en bas de cycle, il est inutile d'être trop négatif. Le retournement de l'un de facteurs qui pèsent pourra être un soutien, même s'il n'est que limité. Certains dossiers seront en tout cas à surveiller, comme Volkswagen et DaimlerChrysler qui ont un plan produit fourni. DaimlerChrysler a connu quelques difficultés avec Mercedes, mais le groupe a déjà démontré qu'il pouvait prendre des mesures énergiques. Il n'y a donc pas de raison qu'il ne redresse pas la barre. Il y a aussi des valorisations à regarder de près. BMW a par exemple été "puni" pour des questions de risques de change. On peut espérer un rattrapage.
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