latribune.fr- Des rumeurs font état d'une acquisition prochaine d'Allied Domecq par Pernod Ricard. La consolidation du secteur des vins et spiritueux est-elle encore possible?Cédric Louboutin- Oui, elle est possible et nécessaire. C'est d'ailleurs un secteur dans lequel tout le monde discute avec tout le monde, car c'est un secteur très atomisé. A titre d'exemple, le numéro un du secteur, Diageo, possède seulement 8 à 9% des parts de marché mondiales.Pour sa part, Pernod Ricard, en tant que numéro deux du secteur, ne peut pas se permettre de rester à l'écart de ce phénomène de consolidation et discute avec tous les acteurs du secteur. Car si Pernod Ricard ne rachète pas Allied Domecq, il est tout à fait envisageable que ce soit un de ses concurrents qui en fasse l'acquisition, fragilisant du même coup Pernod Ricard. Ainsi, même si Allied Domecq est un groupe aux performances volatiles, avec un portefeuille de marques hétérogènes et certaines positions géographiques délicates, son acquisition serait néanmoins une mesure défensive.Y a-t-il des obstacles à une telle acquisition?Tout à fait. C'est un secteur qui est soumis à des contraintes de concurrence. Ainsi, même s'il est très atomisé au niveau des parts de marché mondiales, le segment des marques premiums, caractéristique des pays développés, pose des problèmes de concurrence. Cela peut entraîner des désinvestissements de la part des groupes dans certains segments.Pour Pernod Ricard, s'il rachète Allied Domecq, il y aura un problème de concurrence dans les cognacs, dans le gin en Espagne et dans le scotch. Pernod Ricard a-t-il les moyens de ses ambitions?Pernod Ricard peut mobiliser 3 milliards d'euros pour faire une acquisition majeure (gearing similaire à celui atteint avec Seagram, 150%) et surtout trouver un partenaire sur le modèle de l'acquisition de Seagram. Au-delà, il devra faire appel au marché ou bien prendre des crédits relais conditionnés à la vente d'actifs. Allied, pour sa part, capitalise 7 milliards d'euros...Quel serait l'impact, en Bourse, d'une acquisition d'Allied Domecq?A court terme, cela sera assez négatif. Allied Domecq est un groupe complexe au dynamisme incertain. Mais sur le long terme, il ne fait aucun doute que Pernod Ricard sera gagnant.Outre Allied Domecq, d'autres proies sont-elles envisageables pour Pernod Ricard?On pourrait effectivement souhaiter un rachat de Grand Marnier... mais tout dépend des conditions. En tout état de cause, il est certain que Pernod Ricard veut participer à la consolidation du secteur. Le groupe rappelle à l'envi qu'il est désendetté et qu'il regarde toutes les opportunités. Quoi qu'il en soit, Pernod Ricard reste une société familiale prudente qui ne va pas investir à n'importe quel prix.

latribune.fr

19 Oct 2008, 22:18

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