Ces PDG qui ne voulaient tricher qu'un tout petit peu...

On n'avait pas entendu parler d'eux depuis un certain temps. Deux PDG, devenus célèbres en raison des scandales comptables qui ont entaché Wall Street ces dernières années, sont actuellement jugés. Bernie Ebbers, l'ancien patron de WorldCom, et celui de HealthSouth, Richard Scrushy, comparaissent, le premier à New York, le deuxième dans l'Alabama devant un tribunal. Les deux affaires ne sont pas de même ampleur : la fraude, dans le cas de WorldCom, s'élève à 11 milliards de dollars, un record, contre 2,7 milliards de dollars seulement dans le cas de HealthSouth. Pourtant, dans les deux procès, les témoignages dépeignent une réalité identique : un patron, très puissant, souvent autoritaire, persuadé qu'il pourra remonter la pente, exige de ses troupes qu'elles falsifient les comptes - une seule fois seulement, et surtout, pour satisfaire Wall Street.L'idée est toujours la même : il suffira d'un bon trimestre pour effacer la fraude dans les comptes. Or, chacun sait que si une entreprise a du mal à afficher les résultats escomptés, l'espoir d'en enregistrer non seulement de bons à l'avenir, mais en plus, de meilleurs qu'attendus pour rééquilibrer les comptes falsifiés est quasiment impossible.. Pourtant, aussi intelligents qu'ils soient, ces deux PDG, et d'autres comme eux, ont eu la faiblesse de penser qu'ils pourraient tricher - une seule fois seulement. Pis, ils ont abusé de leur autorité. Plusieurs témoignages, dans les deux affaires sont à cet égard éloquents.Des petites mains, comptables ou directeurs financiers, ont bien essayé de tirer la sonnette d'alarme, faisant remarquer que ces pratiques n'étaient pas acceptables. Ils ont dû démissionner - ou jouer le jeu. La fraude, qui semble prendre souvent sa source dans l'ego d'un seul homme, se transforme vite, pour réussir - au moins pendant un temps - en un véritable travail d'équipe. Certains directeurs financiers racontent ainsi comment ils ont, des nuits durant, "fabriqué" des bénéfices - pour s'enfoncer toujours un peu plus dans le rouge. Ainsi, afin d'atteindre les objectifs fixés, celui de HealthSouth a dû trouver 50 millions de dollars de bénéfices en 1996. Mais en 1998, pour faire plaisir à Wall Street, il devait créer 600 millions de dollars de profits... S'il faut évidemment blâmer le manque de morale des PDG et la complicité - même forcée - de certains dans leur équipe, peut-être faut-il aussi se poser la question de la "dictature" de Wall Street ...
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