La musique, laboratoire de la convergence

Devinette: quelle est la manifestation qui s'ouvre par une soirée sponsorisée par Microsoft, se poursuit par des conférences parrainées par l'opérateur de télécommunications NTT DoCoMo, distribue des cordons de badges aux couleurs de Vodafone, où Siemens invite à dîner, et qui affiche une bannière Apple à son fronton? Un rendez-vous de spécialistes des télécommunications et de l'informatique? Pas du tout. Il s'agit du Marché international du disque et de la musique (Midem), qui s'ouvre samedi à Cannes.L'identité des sociétés qui parrainent certains événements de ce 39ème Midem en dit long sur les bouleversements en cours. Désaffection de son vieux support de distribution de masse, le CD; piratage massif via l'échange gratuit de fichiers musicaux sur la Toile: l'industrie musicale s'en remet au monde de l'informatique et des télécommunications pour franchir le gué vers l'ère de la musique "dématérialisée". Les premiers pas sont difficiles: 200 millions de fichiers musicaux payants téléchargés en 2004, c'est dix fois plus qu'en 2003, mais cela pèse seulement 1% du marché mondial du disque. Et pas grand chose au regard du milliard de titres téléchargés illégalement chaque mois. D'où le bal des Microsoft, Apple, Sony... pour imposer leur système de protection des droits sur les fichiers numériques (DRM), associés évidemment à leur boutique en ligne, et aux baladeurs.Côté téléphone, les perspectives sont prometteuses, puisque sur le mobile, pas moyen (encore) de contourner la facturation. Les sonneries musicales de plus en plus élaborées se téléchargent par millions, deviennent polyphoniques, s'associent à des mini-clips vidéo; le téléchargement de morceaux entiers va se développer avec la 3G. Et les opérateurs mobiles, soucieux d'enrichir leurs services, courtisent les producteurs de musique (même s'ils négocient âprement sur le partage des revenus). D'où leur forte présence sur la Croisette. Apple a passé un accord avec Motorola, qui transformera bientôt les téléphones du constructeur en équivalents du baladeur iPod. D'autres mobiles opérés par le système Microsoft pourront stocker des morceaux au format DRM du numéro un mondial des logiciels.Bref informatique, télécommunication et industrie de contenus convergent. Le phénomène sera-t-il créateur de valeur? Les modèles restent à inventer. La première major mondiale Universal est en tout cas en ordre de marche pour aborder le marché du mobile: elle a créé une filiale dédiée, Universal Mobile International. Son patron, Cédric Ponsot, n'est autre qu'un ancien de SFR, puis de VU Net, LA filiale qui avait porté le rêve de convergence de Jean-Marie Messier, l'ex-patron de VU. Ce projet avait même été présenté à New York, pour pousser à la fusion entre Vivendi et Universal. Universal Mobile International est l'une des rares initiatives qui a survécu au naufrage du VU de J2M, qui avait parié sur la convergence en 1999. On a toujours tort d'avoir raison trop tôt.
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