Big bang dans le PAF

En ce Noël 2005, vous laisserez-vous plutôt tenter par la dernière offre alléchante de CanalSat ou par la promotion à prix cassé de TPS? A moins que vous n'attendiez quelques mois pour choisir le futur bouquet CanalTPS? C'était l'Arlésienne du paysage audiovisuel français, depuis près de deux ans. Les analystes du secteur médias en rêvaient mais n'y croyaient plus: Canal Plus, TF1 et M6 vont peut-être exaucer leur voeu. Les ennemis héréditaires du PAF ont reconnu officiellement hier qu'ils négociaient en vue d'une éventuelle fusion de leurs bouquets de télévision par satellite, TPS, contrôlé à 66% par TF1 et 34% par M6, et CanalSat, détenu à 66% par Groupe Canal, filiale de Vivendi Universal, et 34% par Lagardère. Des négociations qui présagent une trêve des diffuseurs, alors que les campagnes de publicité comparative à la limite du dénigrement battent encore leur plein sur les écrans... On imagine déjà l'effervescence à la Bourse et chez les courtiers, dans les jours qui viennent, pendant les préparatifs de la noce, chaque analyste y allant de ses projections, de ses calculs de probabilité d'issue positive des discussions, des valorisations des parts de chacun et de ses révisions d'objectifs de cours. Ce sera un mariage de raison et non d'amour, tant les échanges furent jusqu'ici acrimonieux, les fins de non-recevoir de TF1 répétées et les accusations réciproques multipliées. Une telle fusion a cependant toutes les chances d'aboutir à un mariage heureux: les parties prenantes ont tout à gagner à arrêter les frais de la bataille sans merci que se livrent les deux bouquets, à coup d'exclusivités ruineuses. TPS a dû réviser en baisse le mois dernier ses objectifs de gain d'abonnés, déjà minorés en début d'année: le bouquet accuse le coup de la perte des droits de retransmission du championnat de France de football, conquis à prix d'or par Canal il y a tout juste un an (600 millions d'euros pour trois saisons), et qui devrait lui coûter au moins 30.000 défections d'abonnés. Une façon d'avouer à demi-mots que Canal Plus a gagné le bras de fer engagé. Ce big bang, s'il a lieu, apparaît comme une réplique à une autre révolution: l'accès des spectateurs à un éventail de chaînes très élargi, grâce à la TNT gratuite, qui rend les offres payantes de facto moins attractives, et grâce aux packages à haut débit (FreeBox, NeufBox, LiveBox, etc), aux bouquets plus variés. Deux bouleversements qui ont donné un sacré coup de fouet au PAF, venant ébranler les certitudes des acteurs bien établis, le leader TF1 en tête. Un leader à la peine cette année, dans une conjoncture publicitaire déprimée. Le marché redoute l'érosion de sa part du gâteau de la pub télévisée, en attendant la manne des groupes de distribution, gros annonceurs, autorisés à faire de la réclame sur les écrans à partir de 2007. Un contexte qui expliquerait le revirement de Patrick Le Lay, le PDG de TF1, qui s'était jusqu'alors farouchement opposé à toute fusion, mais a finalement cédé aux trépignements de M6, désireux de sortir. Certes, TPS est enfin rentable cette année, mais ses perspectives de croissance sont bouchées. Et si la fusion était plutôt un mariage forcé?
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.