Le numérique terrestre, tout simplement

L'histoire de l'introduction de la télévision numérique terrestre en France restera décidément comme une affaire "bien de chez nous". Qui aura réussi l'exploit de transformer un évident progrès en imbroglio inextricable...Parmi les manifestations du "mauvais esprit" hexagonal qui a marqué l'affaire, on peut aussi relever le trait suivant: une fois le changement péniblement imposé, on s'empresse de guetter les premiers faux-pas, non pour le raffermir dans son avancée mais pour proclamer "qu'on l'avait bien dit". Lancée le 31 mars avec un bouquet de 14 chaînes gratuites, dont les 7 chaînes "historiques" (TF1, France 2, France 3, France 5, Arte, Canal + en clair et M6) et des nouvelles venues sur le réseau hertzien (France 4, La chaîne parlementaire, NRJ12, NT1, Direct 8 et W9), cinq ans après le vote de la loi qui l'avait prévue, la TNT aurait bien pu être retardée encore, à force d'obstacles mis en travers de sa route. Et pourtant: quoi de plus naturel que de vouloir numériser le réseau hertzien, le système historique de diffusion de la télévision? Economie de ressources - rares - en fréquence, économie de coûts de diffusion, meilleure qualité de l'image et du son, plus grande richesse de l'offre de programmes: a priori, la TNT a pas mal d'avantages. Mais ses détracteurs ont réussi pendant des années à répandre l'idée qu'il y aurait une absurdité économique à vouloir bouleverser l'équilibre bien établi du paysage audiovisuel français, réparti entre des groupes privés, TF1, M6, Canal + , et un service public solide. Pour ceux-là, TV numérique devait rimer avec télévision payante sur le câble, le satellite, et plus récemment l'ADSL, et surtout pas avec partage des positions acquises. Les mêmes n'hésitaient pas à se gausser d'une TNT "gratuite" nécessitant pour la recevoir l'achat d'un adaptateur numérique. Et peu leur importait que trois Français sur quatre ne reçoivent que la télévision hertzienne.Tout à leurs intérêts propres ou à leurs rêves de technologies d'après-demain, ils voulaient ignorer que le plus grand nombre restait privé, dans son loisir le plus quotidien, de la technologie d'aujourd'hui, le numérique "de base". Le public aujourd'hui ne semble pas s'en être laissé conter. Les adaptateurs TNT se vendent comme des petits pains, se branchent en un clin d'oeil et les optimistes parlent déjà d'un engouement.Au lieu de s'en réjouir, certains prédisent des lendemains qui déchantent: colère ou impatience de ceux qui ne sont pas encore dans une zone de couverture de la TNT, difficulté à installer l'adaptateur, antenne à faire régler, déception à l'égard des nouvelles chaînes. Plutôt que de reconnaître que la TNT peut rencontrer un public aux attentes simples: davantage de chaînes de bonne qualité. Avec quels programmes? C'est bien là la seule question qui vaut d'être posée. Car c'est de la réponse que dépendra la vitesse de développement de la TNT.
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