Télécoms : être fixe ou ne pas l'être

Voici Neuf Télécom et Cegetel mariés. Naissance d'un nouveau poids lourd dans la téléphonie fixe, émergence d'un concurrent sérieux face à l'hégémonique France Télécom dans l'ADSL et début d'une consolidation qui devrait se poursuivre: tous les commentaires ont salué l'union des deux jeunes opérateurs alternatifs, qui peinaient à croître seuls, à l'ombre de l'aîné historique. Très bien. Et pour SFR, qui perd le contrôle de Cegetel, dont il ne détiendra plus que 28%, que signifie l'opératio ? La suppression d'un foyer de pertes (75 millions d'euros), la séparation d'avec une activité trop gourmande en investissement quand le co-actionnaire de Vivendi Universal (VU) dans SFR, Vodafone, souhaite concentrer les efforts sur le développement des services mobiles... Certes. Mais on ne peut manquer de s'interroger: ne sera-t-il pas pertinent, à terme, d'être à la fois opérateur de téléphonie mobile et fixe? A cette question, Jean-Bernard Levy, nouveau patron opérationnel de VU, répond que seuls les opérateurs historiques, confrontés à la baisse du trafic voix sur leur réseau fixe, ont besoin de trouver un relais de croissance dans le mobile. Pourtant, les arguments en faveur de la polyvalence fixe-mobile ne manquent pas. Le boom de la téléphonie sur IP et la baisse des coûts des communications qu'elle induit, pourrait redonner d'ici peu au réseau fixe un avantage compétitif sur le mobile. Car à l'inverse, plus les services mobiles se sophistiquent, plus la facture de l'abonné s'alourdit. Et puis, un opérateur polyvalent pourra offrir à une échéance sans doute proche des transferts entre la ligne fixe et mobile, via un seul numéro et une seule facture. Un avantage non négligeable à l'heure où certains consommateurs se lassent de multiplier les abonnements en tous genres, d'avoir à comparer des offres tarifaires illisibles et rêvent d'un guichet unique, simple et clair. On a vu il y a quelques mois l'opérateur mobile Bouygues Telecom s'intéresser au dossier Tiscali, en associant aussi la société de télévision soeur du groupe, TPS. L'affaire n'a pas eu de suite. Mais elle est le signe d'une tentation pour le "quadruple play" - le "4 en 1" - téléphonie fixe, mobile, Internet, télévision offerts par un même opérateur. Rien n'empêchera toutefois SFR, à l'instar de l'américain Sprint, de conclure des accords avec un opérateur de réseau fixe, câble ou téléphonie. Ou encore le nouveau Neuf Cegetel de vendre du mobile sous sa marque: Neuf et Cegetel ont déjà chacun de leur côté, avant de s'unir, passé un accord d'opérateur mobile virtuel. Une façon d'être fixe et mobile, sans l'être.
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