Quand les ménages rognent sur l'alimentaire pour financer le numérique...

Pour la première fois, lors de cette saison des fêtes, la meilleure de son histoire, les ventes de produits d'électronique grand public chez Amazon ont dépassé celles de livres. Le distributeur en ligne a connu une journée record peu avant Noël, à 32 articles commandés par seconde, et la palme du succès est allée au baladeur numérique iPod d'Apple, à son Mini iPod couleur argent et à un lecteur DVD Philips bon marché. Sont venus ensuite dans le palmarès une carte de bons d'achat sur le site de téléchargement musical iTunes d'Apple et un appareil photo numérique de Canon.Autre illustration, s'il en était besoin, de l'engouement du public pour les loisirs numériques: la part des jeux vidéo dans les ventes de jouets de Noël en France s'élèverait à plus de 20%. Le cabinet Omsyc a calculé qu'un foyer français aura dépensé en 2004 en moyenne 1.869 euros dans les technologies de l'information et de la communication, ensemble dans lequel il englobe les dépenses audiovisuelles, informatiques et de télécommunication. En 1996, à monnaie constante, la dépense n'était que de 875 euros et en 2003 de 1.809. Premier poste de dépense: les télécoms mobiles (546 euros), suivies de la micro-informatique (351 euros) et de la téléphonie fixe (338 euros, en diminution de 8% depuis 1996). Viennent ensuite l'achat de DVD, le paiement de la redevance, les abonnements à la télévision, les jeux vidéo, les entrées de cinéma... Les taux d'équipement commencent à approcher la saturation, mais qu'importe: l'innovation technologique incite les consommateurs à constamment renouveler leur matériel. Près de 70% des Français ont aujourd'hui un téléphone portable, mais selon l'institut Gfk plus du quart d'entre eux s'équiperont cette année d'un nouveau modèle, avec appareil photo intégré par exemple. La baisse continue des prix des équipements facilite cette ruée. Un lecteur DVD à moins de 50 euros est aujourd'hui monnaie courante: de quoi en équiper toutes les télévisions d'un foyer, en attendant la généralisation du lecteur-enregistreur à moins de 100 euros, qui générera un renouvellements rapide du parc.Seul problème: la baisse des prix n'est pas proportionnelle à la hausse des dépenses des ménages en matière de loisirs numériques. Et comme le pouvoir d'achat n'a pas augmenté non plus en proportion, la conclusion s'impose: les ménages rognent sur d'autres postes. Les vêtements et surtout l'alimentation, selon des professionnels de la grande distribution cités par Le Figaro. Pour un économiste cité par le même quotidien, tout ça s'explique par les 35 heures: davantage de temps de loisirs, pas plus de revenu pour l'occuper, alors on économise sur les nourritures terrestres pour se gaver d'images, de sons, histoire de meubler son temps libre... Tout cela en privilégiant les produits à bas prix, importés, qu'il s'agisse d'alimentation ou d'électronique grand public. Avec des effets désastreux sur l'emploi.D'où la question paradoxale: l'engouement pour les loisirs numériques, loin d'être une bonne nouvelle, menacerait-il en fait la santé de l'économie?
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