Le ton monte entre Minsk et Moscou sur le gaz

Par latribune.fr  |   |  396  mots
La Biélorussie menace le transit vers l'Europe si la Russie lui coupe le gaz. Gazprom avait averti la "Russie blanche" qu'il coupera le gaz si elle refuse une hausse des prix. Un cinquième du gaz russe à destination de l'Europe transite par la Biélorussie.

La Biélorussie, par laquelle transite quelque 20% du gaz russe vers l'Europe, a menacé ce mercredi le géant gazier russe d'interrompre ses livraisons s'il lui coupait le gaz au 1er janvier 2007, faute d'un accord sur une hausse du prix de celui-ci. De retour de négociations infructueuses avec Gazprom à Moscou, le vice-Premier ministre biélorusse, Vladimir Semachko, a observé devant la presse à Minsk, que les deux pays étaient "interdépendants". Et d'enchaîner: "S'il n'y a pas de contrat pour les livraisons de gaz, [Gazprom] n'aura pas de contrat sur le transit" vers l'Europe.

La Pologne et l'Allemagne seraient les principaux pays touchés par ce risque d'une nouvelle "guerre du gaz", un an après celle avec l'Ukraine, pays par lequel transitent les 80% restants du gaz russe vers l'Europe. Toutefois, selon un industriel du gaz interrogé par Reuters, l'Allemagne et la Pologne disposeraient aujourd'hui de confortables réserves de gaz. L'automne a été exceptionnellement clément et Gazprom a stocké "beaucoup plus de gaz en Allemagne et en Autriche que l'an dernier".

Après l'Ukraine et la Géorgie, la Russie vient donc d'engager un nouveau bras de fer avec la Biélorussie voisine sur les tarifs du gaz. Gazprom menace de couper ses approvisionnements à la "Russie blanche" voisine si elle n'accepte pas un réajustement significatif des prix. Le géant russe du gaz n'avait pas hésité à couper ses approvisionnements à l'Ukraine le 1er janvier 2006 pour contraindre Kiev à renégocier des tarifs préférentiels hérités de l'époque soviétique.

Comme Kiev en 2006, Minsk se trouve aujourd'hui au pied du mur. La Biélorussie achète son gaz à la Russie pour 46,68 dollars les 1.000 mètres cubes, deux fois moins cher que l'Ukraine, cinq fois moins que l'Europe. Gazprom, qui exigeait au départ un quadruplement des tarifs à 200 dollars les 1.000 mètres cubes, a rabaissé hier ses exigences à 110 dollars les 1.000 mètres cubes à partir de 2007. Gazprom serait par ailleurs disposé à se faire payer une partie de la hausse du gaz sous forme de prise de participation dans Beltransgaz, la société biélorusse qui assure le transit et la distribution du gaz à travers le pays. Le bras armé de la politique énergétique de Moscou pourrait donc renforcer un peu plus son contrôle sur les installations énergétiques cédées par la Russie aux anciennes républiques de l'URSS.