Un an de Merkel : des résultats mais qui ne suscitent pas l'enthousiasme

Par latribune.fr  |   |  519  mots
Un an après la mise en place du second gouvernement de coalition de l'histoire de la République fédérale, le bilan d'Angela Merkel apparaît mitigé.

L'histoire économique retiendra que son gouvernement a fait un pari risqué en décidant la hausse de trois points de la TVA, à 19%, à compter du 1er janvier 2007. Une mesure impopulaire, qui devrait faire entrer quelque 23 milliards d'euros en année pleine dans les caisses de l'Etat, les deux-tiers étant consacrés à la diminution du déficit public et le reste au financement de la moitié de la baisse des cotisations de chômage.

Les experts tablent logiquement sur un regain d'inflation induit par cette mesure, la hausse des prix pouvant atteindre 2,4% en 2007, mais surtout ils craignent que la consommation des ménages, qui est déjà le maillon faible de la première économie de la zone euro, n'en soit encore un peu plus affaiblie. Dans une récente étude de BNP-Paribas, Eric Vergnaud estime cependant que "la consolidation budgétaire pourrait rassurer les ménages sur la soutenabilité des finances publiques et les conduire à puiser dans leur épargne", pour continuer à consommer.

Cette mesure spectaculaire s'est accompagnée d'un programme ambitieux d'économies (réductions d'avantages divers, suppression de niches fiscales ou d'aides régionales...) et d'un vaste plan de soutien à l'activité, débutant en 2006 et prévoyant 25 milliards d'euros sur quatre ans, afin de soutenir les PME, la politique familiale, les nouvelles technologies et les infrastructures de transport.

Avant même que toutes ces mesures soient effectives, Berlin peut se targuer d'un rétablissement de ses finances, le déficit public revenant "dans les clous" du Pacte de stabilité européen, à 2,8% du PIB dès cette année. Et, pour 2010, Berlin table sur un déficit à hauteur de 0,5% du PIB...

A l'évidence, c'est la croissance retrouvée qui est à l'origine de ce petit miracle. La croissance pourrait atteindre finalement 2,5% en 2006, l'Allemagne dépassant la France sur ce terrain, pour la première fois depuis longtemps. Le gouvernement Merkel recueille ainsi les fruits d'une croissance largement tirée par l'extérieur, l'Allemagne restant le champion toutes catégories des exportations.

L'autre grand chantier du gouvernement, la réduction du chômage, avait déjà été ouvert par le chancelier précédent, Gerhard Schröder, et ses fameuses "lois Hartz" de modernisation du marché du travail. Celles-ci, très impopulaires, ont néanmoins porté leurs fruits et le chômage, tout en restant à des niveaux élevés, reflue régulièrement depuis 2005, passant sous la barre des 10% de la population active en octobre dernier.

Malgré ces bons résultats macroéconomiques, qui ne sont pas dus à la seule action du gouvernement, Angela Merkel n'est pas épargnée par les critiques. Début novembre, les "Cinq sages" chargés de conseiller le gouvernement n'ont pas ménagé leurs commentaires acerbes, sur le thème: "avec une telle majorité au parlement, le gouvernement devrait faire plus de réformes et plus rapidement..."

Selon un récent sondage, seulement 35% des Allemands font confiance au gouvernement pour s'attaquer efficacement au chômage. Et, même chez les patrons, le doute existe: 55% des chefs d'entreprise sondés par l'institut Allensbach estiment en effet que "la relance n'a rien à voir avec le travail du gouvernement"...