L'Airbus A350 sera financé sur ressources propres sans exclure un appel au marché

Par latribune.fr  |   |  744  mots
Le co-président d'EADS et président d'Airbus annonce que le programme Airbus A350 XWB, d'un coût de dix milliards d'euros, sera d'abord financé sur les ressources propres du groupe. Mais un appel au marché reste possible. Réuni vendredi à Amsterdam, le conseil d'administration du géant européen de l'aéronautique et de la défense a tranché en faveur du lancement par sa filiale Airbus de ce programme.

Ce sera un gros chèque. Le co-président d'EADS et président de la filiale Airbus, Louis Gallois, a confirmé ce lundi que le programme Airbus A350 XWB coûtera dix milliards d'euros. Il a précisé qu'il sera financé sur ressources propres. Mais il n'exclut pas également un appel aux marchés internationaux.

Vendredi, le conseil d'administration d'EADS a enfin donné son feu vert au lancement de ce programme d'appareil long courrier de 300 places, censé riposter au B787 "dreamliner" de Boeing qui a déjà engrangé plus de 400 commandes. Le hic, c'est que l'Airbus A350 ne devrait pouvoir être commercialisé qu'à partir de 2012, soit avec quatre ans de retard sur son rival américain. D'après EADS, il devrait être mise en service en 2013.

Selon Louis Gallois, qui s'exprimait ce matin dans le cadre d'une conférence de presse, l'A350 XWB "est simplement l'avion que le marché demande!". Ses coûts de développement, de dix milliards d'euros, seront étalés sur une période allant de 2007 à 2014, avec un pic de dépenses entre 2010 et 2013. Le président d'Airbus a précisé que sur ces dix milliards, il y aura 1,6 milliard de dépenses en capital qui pourront servir également à des développements futurs.

EADS et Airbus indiquent n'attendre pour l'heure aucune "décision imminente sur des aides gouvernementales pour l'A350". Cette question des aides publiques à l'aéronautique fait l'objet d'un bras de fer devant l'OMC (Organisation mondiale du commerce) entre Européens et Américains, qui s'accusent de financer directement ou indirectement respectivement Airbus et Boeing. "Nous savons tous que le B787 est largement subventionné", a ainsi lancé ce matin Louis Gallois.

Avec cet avion, la filiale d'EADS, en proie à d'importantes difficultés suite aux conséquences désastreuses des retards de livraison de son gros porteur A380, veut ne pas louper le coche sur le marché prometteur des appareils long-courriers de capacité moyenne. Ce segment est évalué à 1.009 milliards de dollars sur les vingt prochaines années, soit en valeur 42% du marché global de l'aéronautique civile. Airbus est certes déjà présent dans ce domaine avec sa famille d'A330-A340, mais en pleine déroute commerciale face au couple B787-B777 de Boeing.

Le ministre français des Transports Dominique Perben a déclaré vendredi par voie de communiqué qu'EADS avait pris la bonne décision. "Il fallait lancer l'A350, afin qu'Airbus puisse disposer d'un appareil capable de concurrencer Boeing face à la fois au B787 et au B777", a commenté le ministre, qui a par ailleurs estimé que "la clef du succès commercial de l'aéronautique civile européenne est dans le maintien d'une gamme complète d'appareils de dernière génération pour être présent sur tous les marchés, face à la croissance très forte du trafic aérien attendue dans les prochaines années".

Et ce lundi, dans la grande interview qu'il a accordée à la Tribune, Thierry Breton, le ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, souligne que "le gouvernement français a toujours été en faveur du lancement de l'A350. C'est une bonne décision qui se fait dans des conditions financières qui peuvent être supportées par l'entreprise. Les quatre gouvernements concernés (Allemagne, Espagne, France, Grande-Bretagne) ont déclaré qu'ils apporteraient les garanties à leur niveau dans des conditions similaires. La moitié du financement de ce plan doit être apporté, comme l'a dit EADS, par les économies réalisées dans le cadre du plan d'économie Power 8. L'autre moitié le sera par des financements dans lesquels les parties prenantes, voire les actionnaires, seront sollicitées" poursuit le ministre.

Quoi qu'il en soit, le patron du groupe s'est voulu résolument optimiste ce matin. "Après les changements de management et les très forts problèmes d'industrialisation de l'A380, Airbus est de retour!", a-t-il lancé.


Nouveau coup dur pour l'Airbus A380 cargo
Le loueur d'avions américain ILFC a transformé sa commande de cinq Airbus très gros porteur A380 cargo en version passagers. Il s'agit d'un nouveau coup dur pour Airbus qui ne compte plus qu'un seul client pour cette version, UPS, pour dix appareils. Le mois dernier, l'américain FedEx a en effet annulé ses dix exemplaires commandés pour acheter des avions à Boeing. ILFC a parallèlement décalé sa commande d'A380 dans le temps ce qui est en revanche une bonne nouvelle pour Airbus compte tenu de ses retards de production sur ce programme.