Bercy et les actionnaires salariés de l'ex Sagem s'opposent sur le dossier Safran

Par latribune.fr  |   |  833  mots
Bercy n'a pas la complète maîtrise du dossier Safran pour gérer le départ des deux dirigeants du groupe Jean-Paul Béchat, président du directoire, et Mario Colaiacovo, à la tête du conseil de surveillance. Le ministère des Finances (30,84 % du capital et 25,8 % des droits de vote) doit s'entendre avec un groupe d'actionnaires salariés qui revendiquent 21 % des droits de vote.

A une semaine de la réunion du conseil de surveillance, le dossier Safran reste encore confus et surtout très évolutif. Car il semble de plus en plus difficile à Bercy de cacher qu'il n'a pas totalement les mains libres pour imposer ses vues. Il doit notamment composer avec certains des actionnaires salariés (dont le club Sagem), dirigés par Daniel Dupuy et qui revendiquent 21 % des droits de vote de Safran.

A l'occasion du comité des nominations réuni lundi, le représentant de Bercy, qui demandait le départ du président du conseil de surveillance Mario Colaiacovo, puis dans un second temps, plus ou moins éloigné, du président du directoire Jean-Paul Béchat, s'est heurté au refus de ce groupe d'actionnaires, selon des sources concordantes.

Du coup, les membres du comité des nominations se sont séparés sur un accord de principe validant ainsi le départ des deux dirigeants. "Ce qui a permis de sauver la face du représentant de Bercy", souligne un observateur.
Ce groupe d'actionnaires salariés milite pour un départ simultané de Mario Colaiacovo et du président du directoire Jean-Paul Béchat.

"Sans convergence de vue des deux principaux actionnaires - Etat et actionnaires salariés -, le dossier restera bloqué quand bien même l'Etat veuille imposer ses décisions", explique un observateur. Le ministère des Finances, qui s'est au fil du temps résolu à demander le départ et de Mario Colaiacovo et de Jean-Paul Béchat, souhaite quant à lui jouer la partition en deux temps, assure-t-on de source proche du dossier.

Comme il l'a fait remarquer à la Tribune dans sa grande interview parue lundi, le ministre Thierry Breton préconise qu'une "page, notamment au sein du conseil de surveillance, doit y être préalablement tournée pour permettre à l'entreprise de se préparer sereinement aux autres évolutions indispensables". Et Bercy veut dans ce cadre régler à l'occasion du prochain conseil de surveillance programmé le 12 décembre, le sort de Mario Colaiacovo, qui lui non plus ne souhaite pas partir sans avoir la garantie d'un départ de Jean-Paul Béchat,.

"Il est possible de lui promettre un départ acté de Jean-Paul Béchat sans qu'il soit notifié tout de suite", note-t-on de même source. Or, c'est bien cela le point bloquant du dossier, le groupe d'actionnaires salariés faisant pression sur Bercy pour un départ simultané des deux meilleurs ennemis. Pour l'heure, il n'y a pas de démarche coordonnée entre les deux principaux actionnaires. Ce qui faire dire à certains qu'il "pourrait rien se passer le 12 décembre".

Si les départs sont difficiles à gérer pour Bercy, le nom des arrivants semble l'être tout autant. Les chances d'un ticket composé par Jean-Yves Helmer, ex Délégué général de l'armement du ministère de la défense aujourd'hui banquier d'affaires chez Lazard à la tête du conseil de surveillance et Patrick Buffet, délégué général et membre du comité exécutif de Suez à la présidence du directoire, tout deux poussés par le corps des mines, étaient ces derniers jours à la hausse.

La semaine dernière, un ticket composé de Bernard Retat (Thales), qui n'est pourtant pas candidat, et du patron des activités spatiales chez EADS François Auque, plombé par l'exercice de ses stock-options, semblait pourtant se détacher. Enfin, la candidature d'Hervé Guillou, patron des activités de défense en France chez EADS, qui était soutenu par Matignon, est aujourd'hui de moins en moins évoquée.

Soutenu par la PDG d'Areva, Anne Lauvergeon, Patrick Buffet, qui n'a pas réussi à se faire une place dans le nouvel organigramme du futur ensemble Suez-GDF, ne recueille pourtant pas d'échos favorables dans le monde de la défense en raison notamment de son inexpérience du secteur, soulignent de nombreux observateurs.

Quant au souhait de Jean-Yves Helmer, qui voudrait cumuler la présidence du conseil de surveillance et son activité de banquier chez Lazard, ce serait bloquant. Aussi, rien ne semble être définitivement arrêté tant le dossier est complexe et délicat à jouer pour le ministère des Finances sous le regard vigilant de certains groupes d'actionnaires salariés. Ces derniers ont néanmoins tout intérêt à un règlement rapide de ce dossier car chaque jour qui passe, Jean-Paul Béchat est en train de s'assurer une totale mainmise sur le groupe Safran.


Un nouveau PDG pour Snecma
Le conseil d'administration de la Snecma, société de moteurs d'avions du groupe Safran, a nommé aujourd'hui Philippe Petitcolin, PDG en remplacement de Marc Ventre, désormais directeur général adjoint de Safran en charge de la branche propulsion, a annoncé la Snecma dans un communiqué. Cette modification de l'état-major de la Snecma avait été annoncée par le directoire de Safran le 13 novembre. La nomination de Philippe Petitcolin était jusqu'à présent PDG de Labinal, autre filiale de Safran.