Sarkozy mène campagne en direction de l'électorat populaire

Par latribune.fr  |   |  641  mots
En meeting lundi soir à Charleville-Mézières, le président de l'UMP s'est adressé à "la France qui souffre". Comme Ségolène Royal la semaine dernière, il a sévèrement mis en cause l'action de la BCE.

Après Dominique de Villepin, c'est au tour de Nicolas Sarkozy de labourer le terrain social. En meeting lundi soir à Charleville-Mézières, dans les Ardennes, le candidat UMP s'est efforcé de modifier son image purement libérale pour tenter de répondre aux inquiétudes des classes populaires.

Dans une intervention intitulée "discours pour la France qui souffre", Nicolas Sarkozy s'est montré déterminé à prendre en compte les attentes de ces Français "dures à la peine", ceux "qui se sentent parfois abandonnés" , à qui il veut "redonner espoir".

Moins d'une semaine après la conférence sur l'emploi et les revenus organisée par le Premier ministre pour apporter des réponses sur les problèmes prioritaires des Français - logement, insertion sur le marché du travail, pouvoir d'achat -, Nicolas Sarkozy cherche à prendre position sur les mêmes thèmes.

Travailleurs pauvres, femmes subissant le temps partiel, cadres de plus de 50 ans menacés par le chômage, salariés payés au smic ne parvenant pas à se loger : ce sont à tous ces Français inquiets que le candidat à la présidentielle s'est adressé hier, marchant - et ce n'est sans doute pas l'effet du hasard - sur les traces de Dominique de Villepin. Son message, il l'a délivré à "la France des classes populaires qui a peur de l'exclusion et celle des classes moyennes qui a peur du déclassement".

Libéral, Nicolas Sarkozy le revendique. Mais cela ne l'empêche pas d'affirmer qu' "il y a des dérives de la finance qui ne sont pas acceptables". Ces "dérives" détruisent, selon lui, "le fondement éthique de l'économie de marché". "Je n'accepte pas que des patrons voyous restent impunis, que des rémunérations exorbitantes, des primes injustifiées, des stock options réservées à quelques uns, des parachutes en or puissent être accordées à ceux qui ne le méritent pas" a-t-il déclaré.

Plaidant pour que "la logique industrielle compte autant que la logique financière", il a proposé que les entreprises "qui investissent et qui créent des emplois" payent moins d'impôts sur les bénéfices que "celles qui désinvestissent et qui délocalisent". Il s'est aussi montré partisan de supprimer les allègements de charges aux entreprises "qui font des profits et n'augmentent jamais les salaires".

Alors que la candidate socialiste Ségolène Royal est partie en guerre la semaine dernière contre la BCE, la Banque centrale européenne, estimant que "ce n'est plus à M.Trichet de décider de l'avenir de nos économies", Nicolas Sarkozy s'est attaqué à son tour à la toute puissance de la Banque centrale. "Il n'y a pas un pays au monde où la Banque centrale ne dialogue pas avec le gouvernement, a-t-il affirmé. L'indépendance est une chose, le refus du dialogue une autre. On ne peut pas continuer comme cela ! On ne peut pas continuer sans un gouvernement économique de la zone euro".

Si "l'Etat ne peut pas tout", comme l'avait imprudemment lancé Lionel Jospin sous la législature précédente, l'Etat a un rôle à jouer pour lutter contre la désindustrialisation du pays, estime le candidat UMP. Alors que le socialiste Dominique Strauss-Kahn défend l'idée de "nationalisations temporaires" pour les entreprises en difficulté, Nicolas Sarkozy propose que l'Etat puisse prendre temporairement des participations "pour aider des entreprises stratégiques à passer un moment difficile".

Il souhaite aussi que" l'Etat se donne les moyens d'investir dans les bassins industriels en difficulté pour les réindustrialiser en y développant des activités nouvelles". Avec ses propositions, le candidat UMP veut "redonner à la France du non des raisons de croire en l'avenir". Cette France qui s'est réfugiée en 2002 dans l'abstention ou dans le vote extrémiste et qui détient la clé du scrutin de 2007