Le "banquier des pauvres" reçoit le prix Nobel de la paix

Accorder un prêt aux exclus du système bancaire: c'est le principe de base du microfinancement et l'idée géniale lancée en 1976 par Muhammed Yunus au Bangladesh, aujourd'hui récompensé par le prix Nobel de la paix. Frappé par l'extrême dénuement dans lequel vit la population bangladaise, ce professeur d'économie fonde la Grameen Bank pour permettre à ses concitoyens les plus pauvres de contribuer, eux aussi, au développement de leur pays. Trente ans plus tard 3 milliards d'euros de crédits ont été distribués à plus de 2,4 millions d'emprunteurs.L'attribution du Nobel à celui qu'on surnomme "le banquier des pauvres" met en lumière le lien entre la lutte contre la pauvreté et la sécurité. "Une paix durable ne peut pas être obtenue sans qu'une partie importante de la population trouve les moyens de sortir de la pauvreté et le microcrédit est un de ces moyens", estime Ole Danbolt Mjoes, le président du comité Nobel, qui expliquait ce matin le choix opéré parmi les 191 candidats en lice pour le prix. Le principe de la microfinance est relativement simple, mais efficace. Il s'agit en fait d'octroyer des prêts de petits montants à des personnes généralement tenues à l'écrat du système bancaire, marginalisées par des revenus trop faibles. Seule condition à remplir: les bénéficiaires d'un microcrédit s'engagent à développer une activité génératrice de revenus. Bien entendu, ils se doivent de rembourser leur prêt. Nés au Bangladesh, les microcrédits se sont depuis banalisés dans bon nombre de pays en développement, particulièrement en Afrique, en Asie et aujourd'hui dans les pays de l'est de l'Europe. "La microfinance répond parfaitement à la nature économique de ces pays où le travail indépendant est très répandu", analyse Maria Nowak, contactée par latribune.fr. Aujourd'hui présidente de l'Association pour le droit à l'initiative économique, c'est à la suite d'une rencontre avec Muhammad Yunus "il y a plus de 20 ans", que cette ancienne directrice d'études et de recherches à l'Agence française de développement a décidé d'importer le concept en France. Depuis sa création il y a 15 ans, son organisation a accordé 43.000 prêts qui ont contribué à la création de 35.000 nouvelles entreprises.Et si le comité Nobel salue l'oeuvre d'un banquier iconoclaste, c'est que "la pauvreté a toujours été un terreau fertile pour la guerre", répond Maria Nowak, "elle engendre les révoltes, les agressions, les tensions et les exodes, car les hommes ne peuvent pas vivre sans espoir d'avenir". Alors Yunus leur en a donné un.A son domicile de Dacca, au coeur de la capitale bangladaise, le lauréat s'est dit "ravi, vraiment ravi" de sa nouvelle distinction. "Vous soutenez un rêve pour former un monde débarrassé de la pauvreté", a-t-il réagi sur les ondes de la radio NRK. Muhammad Yunus recevra son prix Nobel et un chèque d'environ 1,1 million d'euros à Oslo le 10 décembre prochain, date-anniversaire de la mort de son fondateur, le savant et philanthrope suédois Alfred Nobel, inventeur de la dynamite.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.