Place à la génération dette !

La vigueur de la première économie mondiale est telle que les étudiants américains devraient en théorie aborder l'avenir avec optimisme. Selon un rapport que vient de publier l'Association nationale des employeurs et des colleges (NACE) - où sont réalisées les quatre premières années d'un cursus universitaire - les entreprises ont l'intention d'employer en 2006 14% de nouveaux diplômés de plus qu'en 2005. Une bonne nouvelle, d'autant que le Census Bureau, l'équivalent américain de l'Insee, estime que les diplômés des collèges gagneront en moyenne un million de dollars de plus au cours de leur existence que les Américains qui n'ont que leur diplôme de "high school" en poche.Mais le fait de décrocher un diplôme universitaire et d'accéder à un emploi bien rémunéré ne suffira pas à garantir le confort matériel à ces jeunes Américains. Car après la génération X (1961-1981 d'après l'encyclopédie en ligne Wikipédia) et la génération Y (1977-2003), voici la génération dette. Alors que le comité de politique monétaire de la Réserve fédérale vient d'augmenter son taux interbancaire pour la dix-septième fois consécutive, les médias américains s'inquiètent de l'endettement des jeunes diplômés.A la mi-juin, le quotidien USA Today publiait à sa une la photo de Joseph Palazzolo, titulaire d'un master de la Rutgers University dans le New Jersey, le jour de la remise de son diplôme, accompagnée de la légende suivante: "endetté avant de démarrer". Etudiant brillant, Palazzolo s'est vu octroyer une bourse qui a financé l'intégralité de sa dernière année d'université. Malgré tout, le jeune homme de 25 ans vient de débarquer sur le marché du travail en étant endetté à hauteur de 116.000 dollars! Son cas est loin d'être isolé. Compte tenu de l'état de ses finances, le gouvernement fédéral a tendance à remplacer les bourses qu'il avait coutume d'accorder aux étudiants nécessiteux et méritants par des prêts. Résultat: l'endettement des étudiants vis-à-vis de l'Etat a bondi de 89% en dix ans, pour atteindre le vertigineux montant de 62,6 milliards de dollars à la fin de l'année universitaire 2005, indique le College Board. Le site Generationdebt.org estime pour sa part que la dette totale des étudiants américains, créditeurs privés compris, s'élève à 425 milliards de dollars...Les frais de scolarité des collèges ont bondi de 50% depuis 1990 alors que la Pell Grant, la forme de bourse que verse le plus souvent le gouvernement fédéral aux étudiants démunis, est resté fixée à 4.050 dollars depuis 2003. "Au cours des vingt dernières années, les frais d'université ont augmenté plus rapidement que le revenu des ménages", déplore Anya Kamenetz, dans son ouvrage "Génération dette: pourquoi il est terrible d'être jeune actuellement", qui, en dépit de la mélancolie qu'il inspire, fait un carton sur les campus. On se demande bien pourquoi...
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