Raz-de-marée démocrate dans les élections américaines, Rumsfeld démissionne

Déjà certains d'un très large succès, les Démocrates peuvent espérer une victoire totale: les élections de mi-mandat leur donnent, sur la base de résultats quasi-définitifs, une nette majorité à la Chambre des représentants. Pour ce qui est du Sénat, les résultats sont très serrés. L'équilibre final dépend d'un siège crucial pour lequel les résultats ne sont pas encore connus.On s'attendait à une défaite du camp républicain, et c'est bien ce qui s'est produit hier aux Etats-Unis lors des élections des représentants et des sénateurs qui marquent le milieu du deuxième mandat de George W. Bush à la Maison Blanche. Au vu des résultats disponibles ce soir, les Démocrates ont remporté une très large victoire à la Chambre des représentants. La Maison Blanche a d'ailleurs reconnu sa défaite sur ce point. Selon les décomptes réalisés par l'Agence France Presse (AFP), les Démocrates auraient gagné 28 sièges, ce qui leur donnerait une nette majorité à la chambre basse.Au Sénat, la situation est encore indécise. L'opposition démocrate avait besoin de conquérir six sièges pour prendre la majorité dans la chambre haute. Or, en fin d'après-midi, elle avait remporté quatre victoires assurées, dans les Etats de l'Ohio, de Pennsylvanie, de Rhode Island et du Missouri, tandis que l'Etat du Montana, disputé tout au long de la journée, semblait acquis aux Démocrates, en fin d'après-midi heure française. Reste donc le cas de la Virginie, où le scrutin est si serré - avec un avantage démocrate toutefois - qu'un nouveau décompte pourrait être nécessaire. Dans l'hypothèse où les Démocrates gagneraient bien ces deux sièges, alors ils détiendraient le contrôle des deux chambres et la défaite du camp présidentiel serait totale.En tout état de cause, la victoire démocrate à la Chambre des représentants constitue déjà une étape forte dans la vie politique américaine: c'est la première fois depuis 1994 que cette chambre échappe à la domination républicaine. Du coup, il est d'ores et déjà certain que la fin du mandat de George W. Bush se déroulera sous forte contrainte: le président ne disposera plus de tous les leviers de pouvoir et devra composer avec une opposition revigorée par la vague de rejet envers le président qui s'est manifestée hier dans les urnes.Dès mercredi soir, la victoire démocrate a fait une première victime dans l'entourage du président: la démission de Donald Rumsfeld, secrétaire de la Défense, a été annoncée par le président Bush lui-même. Une telle décision est hautement symbolique: Donald Rumsfeld incarne les aventures militaires des Etats-Unis en Afghanistan et surtout en Irak. Bête noire des Démocrates, sa démission avait été réclamée toute la journée dans leur camp. Avec son départ, George W. Bush perd en tout cas un de ses très proches collaborateurs. C'est l'actuel patron de la CIA, Robert M. Gates, qui va lui succéder en tant que secrétaire à la Défense.Globalement, les Républicains payent le prix de l'impopularité de George W. Bush, miné par la conduite de la guerre en Irak et par l'inefficacité de la réponse des autorités à une crise comme celle de l'ouragan Katrina en 2005. Mais les Républicains souffrent aussi d'une crédibilité durablement affectée par une vague de scandales ayant mis en cause l'honorabilité de certains de leurs membres. Et si la Maison Blanche, prenant acte de la victoire des Démocrates à la Chambre des représentants, a proclamé sa volonté de travailler avec la nouvelle majorité sur l'Irak, la guerre contre le terrorisme et l'économie, la cohabitation s'annonce plutôt délicate. Prenant acte de la défaite de ses troupes, George W. Bush a en tout cas félicité les Démocrates pour leur victoire et invité leurs leaders - dont la probable future présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi - à déjeuner avec lui ce jeudi...Chez les Démocrates, l'heure est bien entendu à la célébration. Réélue avec une confortable majorité sur sa terre d'adoption new-yorkaise, Hillary Clinton, radieuse, a tenu un discours combatif devant ses troupes. "Merci New York de rester à mes côtés et merci de vous êtes dressés" pour un changement de majorité. "Le message de cette élection ne pourrait être plus clair, nous devons mettre nos divisions de côté pour nous recentrer sur notre dynamique" victorieuse a déclaré la future candidate à la présidentielle de 2008. Du côté républicain, l'humeur était évidemment très sombre. "Notre base républicaine est dégoûtée par la situation en Irak, les scandales éthiques, notre incapacité à contrôler les dépenses budgétaires", a déclaré sur la chaîne MSNBC le modéré John McCain, candidat malheureux à la primaire présidentielle de 2000 et probable candidat à celle de 2008. "Nous allons devoir réévaluer notre façon de voir les choses", a analysé dans la soirée de mardi le sénateur d'Arizona alors que la défaite à la Chambre paraissait déjà inéluctable. "Notre cote d'approbation est basse bien sûr à cause des scandales éthiques mais aussi du fait de notre incapacité à répondre aux préoccupations des Américains", a ajouté ce vétéran de la guerre du Vietnam, qui s'est souvent trouvé en butte avec les positions de l'administration Bush.Sur la même chaîne, un commentateur a peut-être trouvé l'origine de la défaite de tant d'élus républicains "qui ont pourtant fait du bon travail": "It's the president, stupid !" Outre les élections pour les deux chambres du Congrès, les Américains votaient également pour désigner un certain nombre de gouverneurs d'Etats. La vague démocrate s'est retrouvée à ce niveau aussi, avec au moins six Etats perdus par les Républicains: le Colorado, l'Arkansas, le Maryland, New York, l'Ohio, le Massachusetts. Une exception de taille: le républicain Arnold Schwarzenegger a été largement réélu en Californie.
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