Au secours, Greenspan revient !

Par latribune.fr  |   |  459  mots
Les opérateurs de marché étaient certains de tenir en Ben Bernanke un patron de la Fed limpide et franc du collier. L'ère de la clarté aura été de courte durée.

Après l'ombre, la lumière! Telle est en substance la principale promesse qu'avait faite aux marchés Ben Bernanke en arrivant à la tête de la Réserve fédérale. S'il avait assuré qu'il piloterait la politique monétaire de la première puissance économique mondiale dans la continuité de son illustre prédécesseur, le brillantissime Alan Greenspan, l'ancien chef des conseillers économiques de la Maison-Blanche avait aussi indiqué qu'en matière de communication, il imposerait son propre style.

Désormais, le discours du président de la Fed serait limpide. Chacun pourrait décrypter sans difficulté son propos. Et les opérateurs sauraient largement anticiper les décisions de la banque centrale. Mais patatra! Voilà que, quelque mois à peine après son entrée en fonction, Ben Bernanke vient de se prendre les pieds dans le tapis.

S'adressant la semaine dernière à la commission économique mixte du Congrès, Bernanke a indiqué que l'institution pourrait choisir, le cas échéant, de marquer une pause dans le cycle des taux. Alors qu'il anticipait jusque là un resserrement des "Fed funds" de 4,75% à 5% lors du prochain comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) du 10 mai, puis une hausse de 25 points de base à la fin juin, le marché s'est mis à rêver. Wall Street a applaudi le concept de la "pause"... avant de prendre une douche froide.

"Vous m'avez mal compris!", a fait savoir en substance Ben Bernanke aux opérateurs quelques jours plus tard. Après un entretien avec le président de la Fed samedi lors du dîner des correspondants de la Maison Blanche, Maria Bartiromo, la sémillante journaliste vedette de la chaîne CNBC, a déclaré: "Ben Bernanke m'a dit ce week-end que les médias et les marchés avaient mal compris la semaine dernière lorsqu'ils se sont mis à spéculer sur la fin des hausses de taux directeurs de la Fed". Sacrés marchés qui décidément ne comprennent rien à rien!

Quelques jours avant cet incident, une réunion organisée par Chatham House avait réuni à New York le gratin de la finance mondiale. David Bloom, chef de la stratégie des changes chez HSBC s'était félicité du fait que, de par le monde, les actions des banques centrales soient devenues de plus en plus prévisibles. Mais de son côté, Andrew Crockett, le président de JPMorgan Chase International avait prévenu que "lorsque la Fed se fera moins claire, les marchés deviendront plus volatils".

On en serait presque à regretter le style abscons d'Alan Greenspan qui, rappelons le, avait un jour déclaré que "si vous avez compris ce que je veux dire, c'est que je me suis mal exprimé"!