"Le commerce en ligne en France se démocratise et devient un complément de la vente en magasin"

Latribune.fr.- Le commerce en ligne est en forte progression actuellement en France, qu'est-ce qui dynamise cette croissance?Marc Lolivier.- Au premier semestre 2006, les ventes du commerce électronique ont progressé en France de 43%, à 5,5 milliards d'euros, par rapport au premier semestre 2005. Et nous sommes optimistes, la croissance va se poursuivre. Sur l'ensemble de l'année 2006, l'e-commerce devrait générer selon nos prévisions 12,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en France. Un chiffre qui va fortement progresser dans les prochaines années. On atteindra 21 milliards d'euros en 2008 et 32,8 milliards en 2010.Plusieurs facteurs expliquent cette croissance. Tout d'abord, la confiance est là. Les consommateurs sont moins frileux que par le passé, grâce notamment à la sécurisation des transactions et des paiements. Par ailleurs, les Français s'équipent de plus en plus en haut débit (plus de 80% des internautes français ont aujourd'hui l'ADSL). Autre phénomène à noter, les internautes qui s'équipent d'un ordinateur et d'un accès Internet achètent rapidement des produits et des services en ligne, notamment la génération de clients jeunes "nés si l'on peut dire avec Internet" et qui dépensent plus que les autres. Les consommateurs sont aussi rassurés par l'arrivée de nombreuses grandes marques qu'ils connaissent et qui décident aujourd'hui, en complément de la vente en magasin, d'avoir une activité et une visibilité sur la Toile.Qui sont aujourd'hui, les internautes consommateurs?Ils évoluent. Au début de l'e-commerce en France, il s'agissait de consommateurs CSP+ branchés qui achetaient de la high-tech. Mais on a aujourd'hui une cible plus large. L'e-commerce se démocratise. Parmi les nouveaux consommateurs, on trouve de plus en plus de femmes (plus de la moitié des nouveaux acheteurs sont des femmes, soit 52,7% au premier trimestre 2006). Toutefois la majorité des clients actuels est toujours constituée par les hommes. Ils représentaient 56,4% des acheteurs au premier trimestre 2006. Il y a également une progression des seniors (des 50 ans et plus). Le montant moyen d'une commande en ligne était de 90 euros en 2005.Comment se situe la France comparée à nos voisins européens?En France, nous rattrapons notre retard par rapport à l'Allemagne et à la Grande-Bretagne qui sont partis en avance dans le domaine de l'e-commerce. Au deuxième trimestre 2006, 58% des internautes français, soit 15,6 millions de personnes, ont fait des achats en ligne. C'est donc une bonne progression par rapport aux 50% recensés au deuxième trimestre 2005. En comparaison, il y avait 68% d'internautes consommateurs en Allemagne au deuxième trimestre 2006 et 73% en Grande-Bretagne, selon une étude réalisée par Médiamétrie/Net ratings pour la Fevad. Nous avons basculé dans le classement des bons élèves, nous sommes aujourd'hui plus proches des pays d'Europe du Nord que de l'Europe du Sud. Qui sont aujourd'hui les nouveaux cyber-commercants?L'e-commerce a connu trois vagues. Tout d'abord, le commerce électronique a été dominé par les "pure-players" nés d'Internet avec des sociétés comme eBay ou Amazon. Puis les grands vépécistes ont misé sur la vente en ligne qui représente en moyenne 30% de leur chiffre d'affaires. Aujourd'hui, ce sont les grandes chaînes de magasins qui se déploient sur Internet, c'est l'ère du "multi-canal". L'e-commerce est devenu un complément à la vente en magasin, et "ne remplacera pas le magasin", comme le prédisaient certaines Cassandre au début du commerce sur Internet. Au premier trimestre 2006, 47% des internautes ont consulté un site d'e-commerce pour préparer un achat en magasin. 5% des achats en magasins sont réalisés par des consommateurs qui surfent sur la Toile pour prendre des renseignements sur les produits qu'ils vont acheter et inversement, ils vont dans les magasins faire du repérage puis commandent sur la Toile.Quels sont les nouveaux secteurs d'activité qui se développent?Les produits culturels et high-tech et les voyages font toujours partie des produits phares. On note que les vêtements, ainsi que le secteur de l'hygiène-beauté progressent fortement avec la féminisation accrue des internautes consommateurs. Les autres secteurs qui montent en puissance sont le bricolage, la décoration, l'ameublement, le sport et l'on note un fort attrait pour les ventes privées. Il faut aussi souligner le fait que les internautes téléchargent de plus en plus de musique sur des sites légaux payants. Les internautes consommateurs ont aujourd'hui, plus de choix, on recensait 14.162 sites marchands actifs fin juin 2006 contre 10.900 au 1er janvier dernier, soit une croissance de 30% sur le premier semestre. En 2010, qui seront les internautes consommateurs?Je pense que Monsieur et Madame Tout le monde seront les consommateurs de demain, pour acheter un vêtement, faire développer ses photos, et pour tous les petits services et courses de la vie quotidienne. On constate que les petits commerces se mettent à la vente en ligne. Ils ont des idées ingénieuses qui séduisent, tel ce boucher chez qui vous pouvez réserver votre gigot le matin et que vous passerez prendre le soir en sortant du travail.*La Fédération des entreprises de vente à distance (Fevad) créée en 1957, rassemble plus de 350 entreprises du monde de la vente à distance (catalogue, Internet, téléphone...) et près de 600 sites Internet.
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