EADS va décider s'il lance l'Airbus A350, rival du Boeing 787

Par latribune.fr  |   |  599  mots
Le conseil d'administration de EADS doit se réunir mardi pour trancher sur le projet Airbus A350XWB. Il pourrait finalement coûter pas moins de 12 milliards de dollars et l'avion ne sortir qu'en 2013, cinq ans en théorie après son concurrent, le Boeing 787 "dreamliner".

Pour tenter de contrer le Boeing 787 "dreamliner" qui ne cesse d'engranger les commandes (402 à ce jour), Airbus, la filiale d'EADS, doit décider s'il lance - et avec quels moyens - son projet concurrent, celui de l'A350. Selon le Figaro, paru samedi, le conseil d'administration d'EADS doit se réunir mardi pour trancher.

Airbus appelle désormais ce projet A350 XWB pour "extra wide body", fuselage extra large, histoire d'annoncer la couleur aux clients potentiels, les compagnies aériennes (qui pensent, elles, aux futurs passagers) : ce sera un avion pouvant offrir de l'espace, soit pour le confort, soit pour emporter plus de gens.

Mais alors que Boeing a réussi à prendre Airbus de court sur ce créneau en misant sur un avion très moderne, utilisant de nouvelles technologies et de nouveaux matériaux (composites notamment) afin de l'alléger donc de réduire sa consommation - idéal à l'heure du pétrole cher -, l'avionneur européen doit préciser quel avion il entend lancer. Et combien il va investir pour cela. Selon l'agence Bloomberg, il va augmenter l'enveloppe de 20% pour la porter à 12 milliards de dollars afin de proposer un projet qui tienne la route.

A l'origine, Airbus n'avait prévu de riposter au Boeing 787 qu'avec une version modernisée de l'Airbus A330. En n'investissant pour cela que quatre milliards de dollars. Mais les compagnies aériennes ont exprimé leurs réticences à l'égard d'une telle option. Boeing avait déjà commis dans une certaine mesure la même erreur en n'opposant au tout nouvel Airbus A320 dans les années 80 qu'une version modernisée de son Boeing 737 ce qui avait largement profité à son rival européen.

Désormais, Airbus va sans doute mettre en avant l'utilisation de technologies développé pour son très gros porteur l'A380 (malgré les coûteux retards qui s'accumulent sur ce programme). Reste qu'en terme de calendrier, sortir un projet d'A350 beaucoup plus ambitieux qu'à l'origine va sans doute se traduire par un appareil disponible seulement à partir de 2013 contre 2010 espéré à l'origine, le rival de Boeing devant lui être prêt dès 2008. Toutefois, l'avionneur américain semble rencontrer lui aussi des problèmes au cours du développement de l'appareil. Mais il affirme pour l'instant que cela ne remet pas en cause la date de sortie de l'avion.

Le surcoût du programme Airbus A350 XWB -il prendra sans doute ensuite un autre nom, l'A380 s'est ainsi longtemps appelé A3XX- va aussi poser la question de son financement. Faudra-t-il une augmentation de capital chez Airbus voire chez EADS ? Pas facile à l'heure où les deux grands actionnaires privés, Lagardère côté français et DaimlerChrysler côté allemand réduisent leur participation (respectivement de 15% à 7,5% et de 30% à 22,5% voire à 15%). Et ce n'est pas l'Etat français, qui détient 15% d'EADS qui est en mesure d'apporter son écot. D'autant que cela serait aussitôt condamné par les Américains qui attaquent les Européens devant l'OMC, l'organisation mondiale du commerce, pour aides publiques à Airbus (l'Europe accuse les Etats-Unis de la même chose en faveur de Boeing).

La question de l'A350 sera en tout cas le premier gros dossier du nouveau tandem aux commandes d'Airbus, Louis Gallois (également co-président exécutif d'EADS aux côtés de l'allemand Thomas Enders) et son directeur général délégué Fabrice Brégier, tout juste arrivé de la présidence d'Eurocopter, autre filiale d'EADS - où le remplace l'allemand Lutz Bertling - avec dans le rôle du grand argentier, à la fois d'EADS et d'Airbus, le directeur financier allemand Hans Peter Ring.