Les autres films de la semaine

"Happy feet": sacrés manchotsGeorge Miller, le créateur de Mad Max, se fait rare sur les écrans. Il avait créé la surprise avec "Babe" en 1996. Ce conte animalier, très loin de l'univers violent associé à son auteur, suivait un adorable porcelet qui voulait devenir berger. Aujourd'hui, on ne s'étonne pas vraiment de le retrouver aux commandes d'une histoire de manchot qui joue des claquettes. "Happy Feet" est un film d'animation éblouissant visuellement, drôle et énergique, le meilleur de cette fin d'année. Mais comme pour "Babe", il ne se contente pas d'être un spectacle hautement divertissant. Dans sa seconde partie où Mumble, notre héros manchot rejeté par sa tribu car différent, part à la découverte du monde des hommes, il prend une dimension réaliste surprenante. L'écologie y est traitée d'un ton grave jusqu'à atteindre un désespoir frappant, inédit dans ce type de film. Reste que la fin repart dans des contrées plus joyeuses, tout en danses et en chansons. Mais entre temps, Miller aura fait passer son message: le futur s'annonce mal pour notre planète.O. L. F."Mauvaise foi": l'enfer, c'est les autresClara (Cécile de France) et Ismaël (Roschdy Zem) ont tout pour être heureux. Jeunes, beaux, exerçant chacun des métiers passionnants, ils attendent leur premier enfant. Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes si leurs familles ne se mêlaient de la situation. Car Ismaël est musulman et Clara juive. Reconnu comme l'un des plus grands comédiens de sa génération, Roschdy Zem réussit brillamment son passage derrière la caméra pour offrir au public un film drôle, juste, porté par une image superbe et des dialogues qui font mouche. Au final, cette comédie légère se révèle bien plus profonde qu'il n'y parait. Car Zem s'y entend pour surligner avec finesse les préjugés de chacune des communautés et le besoin de chaque futur parent de réévaluer sa propre identité en renouant avec des traditions habituellement oubliées.Y. Y. "Paprika": futur procheDans le monde du manga animé, Satoshi Kon est un maître. Révélé au public occidental avec "Perfect Blue", le réalisateur japonais adapte cette fois un roman de Yasutaka Tsusui, l'un des plus importants écrivains de science-fiction du Japon. L'histoire se situe dans un futur proche. Des ingénieurs ont mis au point un nouveau traitement psychothérapeutique, une machine permettant d'entrer dans les rêves des patients. Encore en phase d'expérimentation, un des prototypes se fait voler. L'inventeur de la technologie va alors s'aventurer dans le monde des rêves pour retrouver le coupable. L'occasion pour Satoshi Kon de laisser s'exprimer son imagination débridée. Le résultat est un film visuellement fou, qui déroutera les adeptes d'une narration claire mais qui épatera les amateurs d'univers délirants. O. L. F."Red road": compte à réglerFonctionnaire de police, Jackie (Kate Dickie) est à longueur de journée rivée à des moniteurs de caméras de surveillance, plantés à tous les coins de rue de Glasgow. Un jour, sur l'un des moniteurs, elle reconnaît un individu qui ne lui est pas indifférent. Jackie commence alors à épier et à se rapprocher tranquillement de cet individu qui vit dans un cité de banlieue sinistre, allant même jusqu'à s'infiltrer à l'intérieur de son appartement. Elle a un vieux compte à régler avec lui. Lequel? On met du temps à le savoir, tant la cinéaste, Andrea Arnold, fait traîner les choses dans ce premier long métrage, révélant au goutte à goutte les éléments du drame qui a affecté la jeune femme et pour lequel elle réclame vengeance. Quitte à se glisser dans l'intimité du petit voyou. Si la performance de l'actrice est exceptionnelle, on n'est pas convaincu par ce film étiré, ambigu et manipulateur, qui a obtenu le prix du jury au dernier festival de Cannes.N. T."Hors jeu": les fous du stadeElles n'ont qu'une passion dans la vie: le foot. Au point d'être prêtes à tout pour assister à un match. Seul petit problème, nos héroïnes sont iraniennes et la loi leur interdit de pénétrer dans un stade. De cette affligeante réalité, Jafar Panahi a imaginé une fiction semblable à un documentaire, tournée caméra à l'épaule, un jour de match. L'histoire d'une poignée d'adolescentes déguisées en homme pour échapper aux contrôles de police, avant d'être démasquées par des agents de la brigade des moeurs et parquées dans un coin comme des pestiférées. Avec une énergie folle et un humour sauvage, Panahi signe un pamphlet puissant pour dénoncer la discrimination des femmes en Iran, soulignant à travers l'absurdité d'une telle situation la bêtise crasse des autorités locales. Y. Y.
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