Le gouvernement chinois doit stimuler la demande domestique

Après 10,4% en 2006, ce sont des croissances de 9,6% en 2007, 9% en 2008 et 7,9% en 2009 auxquelles s'attendent les économistes de BNP Paribas pour la Chine. Le ralentissement américain, qu'ils estiment sévère pour l'an prochain avec 1,6% seulement de croissance annuelle, pèsera sur les exportations et la croissance chinoises. De fait, le déficit commercial bilatéral sino-américain est proche de celui des Etats-Unis avec le Japon, le Canada et le Mexique réunis, qui s'élève à 169,4 milliards de dollars. Ce n'est pas tant la croissance exponentielle que les déséquilibres structurels qui posent aujourd'hui problème en Chine. "De fait, il n'y a pas d'éléments caractéristiques de surchauffe, comme l'inflation, les goulets d'étranglement ou le déficit commercial", indique Chen Xingdong, chef économiste chez BNP Paribas à Beijing. Du côté des déséquilibres sont recensés la part démesurée de l'investissement dans la croissance, les risques de surcapacité, l'envolée de l'excédent commercial, devenu un fardeau diplomatique, et une demande intérieure désespérément faible.C'est d'ailleurs vis-à-vis de cette dernière faiblesse que le gouvernement devrait prendre des mesures. Jusqu'à présent préoccupées exclusivement par l'envolée des investissements, les autorités auront tout intérêt à réveiller la demande intérieure par une politique fiscale appropriée pour en faire un moteur de croissance et compenser le recul des exportations. Certes, la consommation a progressé ces dernières années, de 10% en 2001 à 13% en 2005. Mais ces évolutions restent bien inférieures à l'envolée de l'investissement, de 13% en 2001 à 27% en 2005. Du coup, rapportée au PIB, la consommation a reculé de 62,3% en 2000 à 51,9% en 2005, alors que les revenus ont gagné du terrain. Cause de cette atonie, la propension à épargner des ménages s'explique par la détérioration de la distribution des revenus, avec 20% de la population s'appropriant 80% de la croissance des rétributions. Par ailleurs, la croissance à deux vitesses, avec le fossé entre la Chine rurale et la Chine urbaine, entre celle de l'intérieure et celle du littoral, empêche également l'Empire du Milieu de devenir une vaste société de consommation. Enfin, le manque de soutien de l'Etat pour l'éducation, les systèmes de santé et de retraite, alimente aussi les comportements de prudence. Résultat, l'épargne des ménages, principalement, mais aussi celle des entreprises et du gouvernement, représentent 48% du PIB en 2005. Selon Chen Xindong, le gouvernement devrait augmenter le salaire minimum et la protection du travail, accroître ses dépenses en sécurité sociale et éducation et promouvoir la croissance de l'intérieur du pays. Pour cela, l'Etat devrait toucher les dividendes des entreprises publiques, ce qui n'a pas été fait depuis 1994. "Les profits des entreprises publiques représentent 40% des entreprises industrielles en 2005", note BNP Paribas. Pour couronner le tout, ces prélèvements permettraient à la fois de doper la consommation et de réduire l'investissement.
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