Jean-Claude Trichet brandit à nouveau la menace inflationniste

Par latribune.fr  |   |  534  mots
La BCE agira "à temps et fermement" pour préserver la stabilité des prix, a insisté Jean-Claude Trichet, selon qui le conseil des gouverneurs va "surveiller de très près" toute évolution qui pourrait provoquer un dérapage des prix. Une répercussion plus forte que prévu de hausses antérieures des prix du pétrole, l'éventualité de nouvelles flambées de l'or noir ou encore d'augmentation supplémentaires d'impôts indirects inquiètent toujours les banquiers centraux.Jean-Claude Trichet craint surtout que, compte tenu de la reprise économique, les salariés demandent de très fortes hausses salariales, ce qui, affirme-t-il, pourrait déclencher une spirale inflationniste. La forte progression des crédits au secteur privé et l'ampleur des liquidités mesurées par la masse monétaire M 3 sont aussi des signes d'un éventuel emballement des prix à moyen ou long terme, selon lui.En résumé, "les taux d'inflation annuels devraient osciller autour de 2 % dans les deux années à venir et les risques de révision à la hausse de ces prévisions sont croissants", a-t-il averti. Pour la BCE, la stabilité des prix est garantie quand l'inflation est légèrement inférieure à 2 %. En novembre dernier, l'inflation de la zone euro s'était élevée à 1,9 %, selon Eurostat, après 1,6 % en octobre. Le patron de la BCE alimente ainsi les attentes d'au moins un nouveau tour de vis l'an prochain. Début décembre, la BCE avait remonté pour la sixième fois en un an son principal taux directeur pour le hisser à son plus haut niveau depuis cinq ans, à 3,50 %. Malgré ce nouveau relèvement, Jean-Claude Trichet avait déjà laissé entrevoir un nouveau resserrement des vannes du crédit, jugeant le loyer de l'argent encore trop bon marché et générateur de tensions inflationnistes.Le président de la BCE a dressé en outre un tableau favorable de l'économie : "les conditions pour que l'économie de la zone euro progresse solidement à des taux proches de son potentiel (2 %, ndlr) restent en place". Interrogé sur l'actuelle force de l'euro face au dollar, il s'en est tenu au discours officiel de la BCE. Une volatilité excessive des taux changes "mine la croissance économique", a-t-il dit, après avoir indiqué début décembre qu'un excès était "indésirable". Les changes sont un des nombreux facteurs pris en compte par les gardiens de l'euro pour fixer la politique monétaire de la zone euro, a-t-il aussi redit.Enfin, Jean-Claude Trichet, pour qui il est injuste de faire de l'euro un bouc émissaire, a estimé qu'il avait "toutes les raisons" de penser que la politique menée par la BCE avait le soutien du peuple français. "La dernière indication dont je dispose, a-t-il précisé, est que, à la question "est-il important que la BCE soit indépendante des gouvernements pour assurer la stabilité des prix ?", la réponse a été positive à 73 % dans la zone euro et à 75 % en France, soit un peu plus que la moyenne".Des propos qui interviennent alors qu'en France, à l'occasion de la campagne présidentielle, aussi bien Nicolas Sarkozy que Ségolène Royal ont critiqué plus ou moins durement la politique monétaire de la BCE.