Le Canada affiche son excellence budgétaire

Rester dans la continuité de l'ancienne équipe au pouvoir et même faire mieux: c'est l'objectif annoncé en fin de semaine par le gouvernement canadien conservateur en matière de finances publiques et de réduction d'impôts. Selon Jim Flaherty, le ministre des Finances qui présentait sa "mise à jour fiscale" - une feuille de route donnant les indications pour l'élaboration du budget 2007-2008 - , Ottawa entend en effet "éliminer la dette nette du Canada d'ici 2021". La déclaration peut surprendre voire même rendre admiratif en France ou dans tout autre pays de l'Union européenne où les endettements publics s'aggravent d'année en année. Il faut pourtant relativiser cette annonce. Le concept de dette nette, "l'actif moins le passif de toutes les administrations publiques canadiennes" ne veut pas dire grand-chose et l'opposition n'a pas manqué de le faire savoir mettant l'index sur la méthode aléatoire de calcul de cette dette nette, concept qui n'est jamais employé par les économistes.A l'inverse, les autres annonces de Jim Flaherty ont leur importance. Selon lui, le gouvernement conservateur de Stephan Harper vise à accélérer d'un an l'objectif de ramener le ratio de la dette publique fédérale (la vraie!) à 25% du PIB contre actuellement 35,1% du PIB. Cette dette atteint actuellement 481 milliards de dollars canadiens soit l'équivalent de 431 milliards de dollars américains. A titre de comparaison, la moyenne de l'endettement dans les pays du G7 atteint 52,7%, ce qui est le niveau qu'atteignait la dette canadienne en 1996.Plus important encore, Flaherty a confirmé que l'excédent budgétaire sera, pour l'exercice actuel, deux fois plus important que prévu à 7,2 milliards de dollars canadiens (6,3 milliards de dollars) malgré un tassement de la croissance du PIB dû au ralentissement enregistré aux Etats-Unis (en 2006, le PIB canadien devrait avoir progressé de 2,7% soit autant que ce qui est attendu en 2007). Le Canada peut donc se targuer d'afficher une santé budgétaire exemplaire puisque, cette année, ce pays a enregistré son neuvième exercice excédentaire consécutif. Et il devrait être suivi d'au moins trois nouveaux soldes budgétaires dans le vert avec, respectivement, 7,3 milliards de dollars canadiens en 2007-2008, 6,4 milliards de dollars en 2008-2009 et 6,1 milliards en 2009-2010.Cette bonne santé des finances publiques convainc les conservateurs de poursuivre leur programme de réduction d'impôts en ponctionnant 3 milliards de dollars canadiens sur chaque surplus annuel pour réduire la dette. "Moins de dette égale moins d'intérêt égale moins d'impôts" a assuré Jim Flaherty qui a promis que les 700 millions de dollars canadiens d'intérêts épargnés, du fait de la réduction de la dette, seraient employés pour réduire les impôts.Une promesse aux relents électoraux qui a n'a pas convaincu l'opposition libérale, laquelle dénonce l'aspect "marginal" de ces baisses d'impôts (20 à 40 dollars canadiens par an et par contribuable). Surtout, de nombreux experts déplorent le manque de vision du gouvernement conservateur qui, selon eux, gagnerait à investir une partie du surplus budgétaire dans la recherche et l'innovation afin d'améliorer la compétitivité du pays. Une critique balayée par les conservateurs qui mettent en avant le programme "Avantage Canada" qui comporte deux points majeurs. D'abord, une baisse du taux général de l'impôt sur les sociétés de 0,5 point pour le ramener à 18,5% en 2011, et ensuite un avantage fiscal préférentiel pour les investisseurs en provenance des pays du G7.
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